Agriculture : Paris juge “inacceptable” le texte de négociation à l’OMC

 
 
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Michel Barnier, le 20 janvier 2008 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[18/02/2008 19:40:09] BRUXELLES (AFP) Le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier a jugé lundi “inacceptable” le nouveau document proposé dans le cadre des négociations agricoles à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à la sortie d’un tour de table avec dix-neuf homologues européens.

“Nous sommes prêts à dire tous ensemble que le dernier papier (du médiateur chargé du groupe de négociation sur l’agriculture Crawford) Falconer est inacceptable, encore plus déséquilibré que les précédentes copies”, a commenté M. Barnier devant la presse.

Selon lui, cette proposition “met en cause des pans entiers de l’activité agricole européenne, notamment dans le domaine des fruits et légumes ou de l’élevage”.

“Le sentiment général de tous mes collègues, c’est qu’il vaut mieux pas d’accord qu’un mauvais accord sur l’économie agricole”, a résumé le ministre français.

La réunion des ministres de l’Agriculture, à l’intiative de M. Barnier, a été boudée par sept pays (Royaume-Uni, République tchèque, Malte, Lettonie, Suède, Danemark et Estonie).

Forte du soutien de ces vingt pays, la commissaire européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel pourra exiger du commissaire au Commerce Peter Mandelson “une ligne responsable et dure”, a-t-il noté.

Dans la foulée, l’ensemble des vingt-sept ministres de l’Agriculture se sont retrouvés en présence de Mme Fischer Boel pour leur réunion agricole mensuelle.

Pour M. Barnier, le texte incriminé présente “des concessions supplémentaires en matière de tarifs douaniers qui ne sont pas acceptables à nos yeux, surtout à un moment où l’on est tous soucieux de la croissance européenne et qu’on constate dans cette croissance la part que tient l’économie agricole”.

Soulignant la volonté à l’OMC “d’accélérer les choses jusqu’au mois d’avril pour aboutir”, le ministre français a noté: “nous ne pourrons pas accepter que l’agriculture soit la variable d’ajustement d’un mauvais accord”.

Le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson, qui faisait lundi le point sur les négociations devant les ministres des Affaires étrangères de l’UE également réunis à Bruxelles, a lancé une mise en garde.

“Ou il y a un accord dans les tous prochains mois ou il sera difficile de rouvrir les négociations du cycle de Doha”, a-t-il prévenu, selon des propos rapportés par un source européenne.

“Nous devons garder à l’esprit que c’est le système mondial du commerce qui est en jeu. Le risque est de régresser sous le poids du protectionnisme”, a-t-il ajouté.

“Je suis d’accord qu’il ne faut pas arriver à un accord à tout prix, toutefois ce n’est pas le scénario qui nous attend”, a jugé M. Mandelson.

“Nous ne devons ni être sanguins ni complaisants. Nous devons redoubler nos efforts”, a préconisé le commissaire européen.

Nombre de ministres des affaires étrangères lui ont directement exprimé lundi leurs réserves sur l’état actuel des négociations, dont la Pologne, l’Irlande, la France, la Hongrie, l’Italie, la Grèce et la Lettonie, selon une source européenne. En revanche le Danemark, la Grande-Bretagne ou la Suède ont exprimé leur soutien au commissaire.

Les médiateurs chargés des groupes de négociation à l’OMC ont publié récemment trois nouveaux textes de négociation pour l’agriculture, les biens industriels et les services.

Le cycle de négociations de Doha, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar, oppose les pays en développement, qui dénoncent les subventions agricoles des pays riches, à ces derniers qui réclament une baisse des barrières douanières pour les produits industriels et les services.

 18/02/2008 19:40:09 – © 2008 AFP