Le Cedefop (Centre européen pour le développement de la formation
professionnelle) présente ses premières prévisions concernant les besoins en
compétences à l’horizon de 2015. L’étude intitulée «Future skill needs in
Europe: medium-term forecast» arrive à la conclusion que la demande en
compétences et en qualifications augmente dans la plupart des domaines
professionnels, y compris dans les emplois peu qualifiés, en raison du
développement croissant du secteur des services et de changements
technologiques et organisationnels radicaux.
Les prévisions du Cedefop portent sur la période allant jusqu’à 2015. Elles
montrent que la longue transition des pays européens vers une économie de
moins en moins axée sur le secteur primaire et l’industrie et de plus en
plus tournée vers les services n’est pas encore achevée. Les nouveaux États
membres, notamment, sont toujours en pleine transformation. Cette transition
est toutefois progressive: les secteurs traditionnels emploient toujours un
grand nombre de personnes et continueront de le faire à moyen terme. Cette
donnée reste inchangée quel que soit le scénario envisagé («optimiste» ou
«pessimiste»).
En 2015, le secteur primaire devrait occuper 10 millions de travailleurs
dans toute l’Europe – contre 12 millions en 2006 (et 15 millions en 1996) –
tandis que l’industrie manufacturière devrait en employer 34,5 millions –
contre 35 millions en 2006 et 38 millions en 1996.
Toutefois, les véritables vecteurs de croissance seront les services. Prise
dans son ensemble, l’économie générera plus de 13 millions de nouveaux
emplois d’ici 2015 – alors qu’elle en perdra plus de 2 millions dans le
secteur primaire et un demi million dans l’industrie. Les emplois créés
seront au nombre de 3,5 millions dans les transports et la distribution, y
compris dans le tourisme, tandis que le commerce et les divers services
offriront les meilleures perspectives à moyen terme en générant 9 millions
d’emplois nouveaux d’ici 2015. L’éducation, la santé et les activités à
caractère social créeront quant à elles 3 millions d’emplois
supplémentaires.
Un phénomène qui aura un impact encore plus significatif que la montée en
puissance du secteur des services est le besoin croissant en compétences et
en qualifications à tous les niveaux. La demande de savoir-faire hautement
qualifié n’a pas encore atteint son niveau maximal. À l’heure actuelle, 80
des 210 millions de travailleurs européens exercent des métiers non manuels
hautement qualifiés, et cette proportion devrait encore augmenter.
Entre 2006 et 2015, l’Europe verra la création de 12,5 millions d’emplois au
niveau de qualifications le plus élevé et de 9,5 millions d’emplois de
niveau intermédiaire (qualifications professionnelles essentiellement). En
revanche, les emplois destinés aux travailleurs peu qualifiés diminueront de
8,5 millions. Même les emplois de manœuvres requièrent toujours plus
d’aptitudes et les ouvriers qualifiés auront de plus en plus besoin d’un
niveau de formation moyen.
Les conséquences sur l’emploi sont importantes. Le recul démographique
signifie que des travailleurs doivent constamment être remplacés, même dans
les secteurs et les métiers en déclin. Mais étant donné que toujours plus de
compétences sont demandées, les nouveaux travailleurs auront besoin de
qualifications plus élevées pour faire «le même travail».
Ces prévisions se fondent sur une projection des tendances actuelles. Afin
d’identifier les nouvelles évolutions en matière de compétences et
d’activités professionnelles, le Cedefop, avec la participation de Skillsnet
– son réseau international de chercheurs et de décideurs pour la détection
précoce des besoins en compétences – réalise également des études détaillées
dans des domaines spécifiques. Il a déjà réalisé des dossiers concernant le
tourisme, les nanotechnologies, le secteur agro-alimentaire et l’industrie
du bois, et lancera bientôt des études sur les secteurs de la santé et de
l’environnement. En outre, il procédera à des enquêtes afin de déterminer
les attentes des employeurs en ce qui concerne les futurs besoins en
compétences.
Cette étude couvre 25 États membres de l’Union européenne (la Bulgarie et la
Roumanie n’ont pas été prises en compte), ainsi que la Norvège et la Suisse.
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