[19/02/2008 11:56:30] VADUZ (AFP) Le Liechtenstein a accusé mardi l’Allemagne d’avoir violé sa souveraineté en achetant des données bancaires volées pour poursuivre les fraudeurs qui placent leur argent dans la principauté. “Un Etat a-t-il le droit de se procurer des données en violation des lois de l’Etat ami et probablement aussi en violation de ses propres lois?”, s’est indigné le prince héritier et chef d’Etat Aloïs von und zu Liechtenstein lors d’une conférence de presse à Vaduz. Le prince a dénoncé “l’énergie criminelle des enquêteurs du fisc allemand”. “Nous allons étudier les prochaines procédures à suivre pour protéger nos citoyens et aussi les investisseurs, qui nous font confiance, contre de telles méthodes d’enquête”, a-t-il annoncé. “Nous sommes un petit pays et nous souhaitons de bonnes relations avec nos voisins (…) mais nous sommes aussi un Etat souverain”, a-t-il martelé, rappelant que “nous vivons à une époque où ce n’est pas le droit du plus fort qui prévaut, mais le droit des peuples et les accords internationaux”. Le gouvernement allemand a confirmé lundi que ses services secrets (le BND) avaient versé entre 4 et 5 millions d’euros à un informateur pour s’approprier des données volées dans une banque de la principauté. Cette transaction fait aussi l’objet de critiques en Allemagne. “Avec son attaque contre le Liechtenstein, l’Allemagne ne règlera pas ses problèmes avec ses contribuables”, a poursuivi le prince, en assénant: “le système fiscal allemand est le plus mauvais au monde.” Le scandale a entaché le statut de paradis fiscal du Liechtenstein, qui tire environ 30% de son Produit intérieur brut (PIB) du secteur financier, avec des Allemands parmi ses principaux clients. “Visiblement, le gouvernement allemand n’a toujours pas compris comment on se comporte avec un Etat ami,” a-t-il regretté. Le prince n’a pas exclu que la révélation de cette affaire quelques jours avant la visite mercredi à Berlin du chef du gouvernement du Liechtenstein, Otmar Hasler, ait été un moyen de faire pression sur son pays. La chancelière allemande Angela Merkel avait déclaré à des journalistes lundi attendre une plus grande transparence fiscale en Europe, en particulier au Liechtenstein, “un pays qui fait encore l’objet de questions”. La justice liechstensteinoise recherche de son côté l’informateur qui a transmis les documents confidentiels, a dit à la presse allemande le procureur Robert Wallner, qui n’exclut pas que l’enquête puisse s’élargir à des Allemands ayant participé à la transaction. “Ce qui est sûr, c’est que le Liechtenstein n’apporte pas son aide à la fraude fiscale, ni à la dissimulation de la criminalité. Il y a des lois claires qui l’interdisent”, a assuré dans une autre interview le dirigeant de la Fédération liechtensteinoise des banques, Michael Lauber. La banque princière LGT, premier groupe bancaire du pays, a affirmé samedi que des documents achetés par les autorités allemandes à un informateur avaient été subtilisés en 2002. Le coupable avait été rapidement arrêté et avait rendu la disquette volée, mais en avait apparemment conservé une copie, a expliqué le ministre de la Justice du Liechtenstein Klaus Tschütscher lors de la conférence de presse du prince à Vaduz. Ces données ont permis à la justice allemande de lancer une enquête record contre un millier de riches contribuables soupçonnés d’avoir caché des fonds au Liechtenstein pour échapper au fisc. |
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