[19/02/2008 18:09:13] BRUXELLES (AFP) Les autorités européennes et américaines de la concurrence ont donné mardi leur feu vert à l’acquisition du groupe britannique Reuters par son concurrent canadien Thomson, qui va donner le jour au numéro un mondial de l’information financière. Dans la foulée de ces autorisations, Thomson et Reuters ont indiqué vouloir finaliser leur rapprochement à la mi-avril. Pour bénir ce mariage, qui va coûter 13 milliards d’euros à Thomson, les deux groupes ont accepté de réaliser certaines cessions à des tiers. Elles concernent les données de leurs produits spécialisés dans la diffusion d’études de maisons de courtage, dans les prévisions de résultats de sociétés, ainsi que les statistiques financières et économiques historiques, selon un communiqué de la Commission européenne. Sans ces ajustements, l’opération “aurait éliminé la concurrence entre les deux principaux fournisseurs de ces bases de données sur le marché”, a-t-elle ajouté. “Les mesures correctives offrent de solides garanties que les utilisateurs de données financières ne seront pas lésés par cette opération de concentration de grande envergure”, a ajouté la commissaire chargée de la Concurrence, Neelie Kroes, citée dans le communiqué. Ces cessions devront intervenir dans un délai de 60 jours, a précisé pour sa part que le département américain de la Justice. “C’est un exemple d’une coopération efficace dans le maintien d’une concurrence mondiale”, s’est réjoui Thomas Barnett, le vice attorney general (ministre) en charge des questions de concurrence. Dans le détail, Reuters s’est engagé à céder ses données dans Reuters Economics (pour l’Europe seulement), Reuters Aftermarket Research et Reuters Estimates (respectivement activités de statistiques économiques, de distribution de notes de courtiers et de prévisions de résultats). Thomson a accepté de faire de même pour les données financières sur les sociétés (Thomson Worldscope). Thomson et Reuters ont précisé qu’il ne leur était fait obligation de vendre qu’une copie de ces bases de données, dont ils conserveront “l’entière propriété”. Reuters avait accepté l’an dernier d’être acheté par son concurrent canadien Thomson, afin de créer le numéro un mondial de l’information financière devant l’américain Bloomberg. La Commission avait lancé en octobre une enquête approfondie sur cette opération. Selon le schéma initial, Thomson-Reuters détiendra environ un tiers du marché mondial de l’information financière, au coude-à-coude avec Bloomberg, pour un chiffre d’affaires d’environ 11 milliards de dollars. Le secteur de l’information économique est actuellement en pleine concentration, alors que les transactions ont explosé ces dernières années sur les marchés financiers. Le magnat des médias Rupert Murdoch s’est ainsi emparé pour cinq milliards de dollars du groupe américain Dow Jones, propriétaire du Wall Street Journal. Thomson est spécialisé dans les bases de données alors que Reuters fournit surtout des informations en temps réel (prix des actions, des devises, des matières premières, etc.), aux banques, fonds d’investissement et maisons de courtage. Mais s’il tire 90% de ses revenus des services financiers, Reuters est surtout connu dans le monde comme agence de presse, avec 2.400 journalistes dans 131 pays. Sur ce plan, l’opération devrait surtout profiter au canadien, notamment en Europe où il a acheté AFX News, agence spécialisée en informations financières acquise auprès de l’Agence France-Presse. |
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