[20/02/2008 11:34:15] DUBAI (AFP) Le secteur de la construction, qui connaît un essor phénoménal dans le Golfe, souffre de la hausse énorme des coûts des matériaux et d’une pénurie de main-d’oeuvre, à l’origine d’importants retards de livraison. L’ex-ministre de l’Economie des Emirats arabes unis, pays où le bâtiment et l’immobilier représentaient 23% du PIB en 2007, a récemment tiré le signal d’alarme. Les difficultés d’approvisionnement en matériaux de construction et les problèmes de main d’oeuvre “pourraient provoquer de manière inattendue une récession” dans ce secteur, a ainsi déclaré cheikha Loubna Al-Qassimi. Les prix des matériaux de construction ont augmenté dans le monde entier, poussés par l’explosion de la demande dans les pays qui connaissent un boum de la construction, en premier lieu la Chine. Alimenté par l’envolée record des cours du brut, qui s’est traduite par l’injection d’énormes liquidités dans les économies des six monarchies arabes de la région, ce secteur connaît également un développement effréné dans le Golfe. Selon une étude publiée en novembre par Proleads, centre de recherche qui étudie les marchés des pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats, Koweït, Oman et Qatar), la valeur totale des projets immobiliers en cours dans la région dépasse 2.400 milliards de dollars. Mais cette situation a accentué les pressions sur l’offre et le coût des matériaux, ainsi que sur la main d’oeuvre. “Il y a une pénurie chronique de ressources (…) La conséquence, c’est une énorme augmentation des coûts des matériaux et des salaires, qui a provoqué à son tour une envolée des coûts des projets”, selon une récente étude du magazine spécialisé Middle East Economic Digest (MEED). Pour y faire face, Nakheel, l’un des géants immobiliers de Dubaï, a opté pour des accords dont le but est de bloquer les prix des matériaux à un certain niveau. “Nous élaborons avec les fournisseurs des contrats qui nous donnent une meilleure protection contre cette escalade des coûts”, a déclaré Matt Joyce, directeur général de “Waterfront”, l’un des grands projets de Nakheel à Dubaï. “Nous avons consacré beaucoup de temps à finaliser ce type de contrats dits +fermés+ pour les matériaux de construction comme l’acier”, a-t-il dit à l’AFP. Si cela est fait “suffisamment tôt, le risque d’une escalade des prix peut être écarté”. Pour sa part, Dubaï Emaar, le plus grand promoteur immobilier du monde arabe en termes de capitalisation, dont le projet le plus grandiose est Burj Dubai, la plus haute tour du monde, a averti en janvier que cette hausse des coûts affecterait ses bénéfices, qui ne devraient croître cette année que de 3%, comme en 2007. Un porte-parole d’Emaar a cependant assuré à l’AFP que cette hausse des coûts n’avait pas occasionné de retard dans la livraison de ses projets. Mais tout le monde n’est pas de cet avis. “Pour chaque tranche de 30 jours ouvrables, il y a un retard de 4 à 10 jours”, a déclaré à l’AFP une source du secteur du bâtiment à Dubaï. “Il y a trop de projets réalisés en même temps”, a ajouté cette personne sous le couvert de l’anonymat. Selon une étude de la Chambre de commerce et d’industrie de Dubaï, la demande d’acier au Moyen-Orient est passée de 19,9 millions de tonnes (Mt) en 2000 à 34,7 Mt en 2005, année où la production régionale n’était que de 15,9 Mt. En 2007, les prix de l’acier et du ciment ont augmenté respectivement de 70% et 50% dans le Golfe, sans parler des retards d’approvisionnement dus à la demande, d’après l’étude de MEED. En outre, les monarchies du Golfe font face à une concurrence accrue pour le recrutement de main-d’oeuvre qualifiée, d’autant que les salaires offerts dans certains pays d’Asie se rapprochent de plus en plus de ceux de la région. |
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