Fraude fiscale : Merkel attend des mesures de son homologue du Liechtenstein

 
 
CPS.HIL72.200208184529.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Le Premier ministre du Liechtenstein Otmar Hasler, le 20 février 2008 à Berlin (Photo : Marcus Brandt)

[20/02/2008 17:48:38] BERLIN (AFP) La chancelière Angela Merkel a exigé mercredi du Liechtenstein qu’il livre des informations sur les Allemands qui investissent dans la principauté, comme il le fait pour les investisseurs américains.

La principauté est sous pression depuis que le fisc allemand a lancé une enquête d’une ampleur sans précédent sur près d’un millier de contribuables qui auraient fraudé le fisc en plaçant leur fortune dans ce paradis fiscal.

“Les accords déjà conclus avec les Etats-Unis sont pour nous, pays de l’Union européenne, une sorte de référence, et nous disons que ce qui est possible avec les Etats-Unis devrait l’être aussi avec nous,” a déclaré la chancelière lors d’une conférence de presse commune avec son homologue du Liechtenstein Otmar Hasler à Berlin.

Depuis 2002, l’administration fiscale américaine a réussi à imposer au Liechtenstein une levée partielle de son secret bancaire. Les banques de la principauté se sont engagées à déclarer au fisc américain (IRS) et à imposer à la source tout investissement réalisé par un citoyen ou résident des Etats-Unis dans des titres américains.

En d’autres termes, un Américain désirant investir depuis son compte au Liechtenstein en bons du trésor américain ou en actions de Wall Street verra ses dividendes et ses intérêts taxés à la source, et son activité déclarée.

M. Hasler a assuré que “l’accord contre la fraude” que le Liechtenstein est en train de négocier avec l’Union européenne, allait “dans cette direction”. Mme Merkel a réclamé “une conclusion rapide de cet accord”.

“Nous pouvons obtenir davantage de transparence en imposant toutes les fondations,” a souligné la chancelière. Anonymes et très faiblement imposées, les quelque 45.000 à 50.000 fondations du Liechtenstein sont très prisées par les Allemands qui fraudent le fisc, selon Berlin. Le porte-parole du ministère des Finances Torsten Albig a jugé “inacceptable” la conception que se fait le Liechtenstein de la fraude fiscale.

M. Hasler a assuré que le Liechtenstein était “sur la voie de réformes, indépendamment des évènements de ces derniers jours”. La principauté a annoncé mercredi une refonte de sa loi sur les fondations.

La chancelière a de plus demandé que le Liechtenstein applique sans tarder une série d’accords internationaux, comme la troisième directive européenne sur le blanchiment d’argent, et signe le protocole additionnel de l’OCDE sur l’assistance dans les enquêtes sur la fraude fiscale.

Ces mesures sont “très très importantes” du point de vue de Berlin et “le temps presse”, a martelé Mme Merkel. Augmentant encore la pression, elle a laissé entendre que le parlement allemand pourrait tarder à ratifier l’accord sur l’entrée du Liechtenstein dans l’espace Schengen sans contrôle aux frontières.

“On peut s’attendre (…) à ce que dans ce contexte, les parlementaires s’intéressent à la progression des négociations” avec le Liechtenstein. “C’est pourquoi je souhaite que nous n’arrivions pas à une situation d’ultimatum mais que nous fassions notre travail rapidement”.

L’Allemagne attend de ses citoyens qu’ils respectent les lois fiscales du pays, mais d’un autre côté, a-t-elle ajouté, “nous ne trouverions pas bien que les banques du Liechtenstein incitent à violer la loi”.

Elle a de plus critiqué comme “infondées et pas d’une grande aide pour nos relations” les accusations lancées mardi par le prince héritier de la principauté, Aloïs von und zu Liechtenstein.

Le prince avait accusé l’Allemagne d’avoir attenté à la souveraineté du Liechtenstein en achetant pour plus de 4 millions d’euros des données bancaires volées dans une banque de la principauté.

 20/02/2008 17:48:38 – © 2008 AFP