[20/02/2008 17:10:15] HARARE (AFP) Le Zimbabwe a annoncé mercredi un taux d’inflation annuel supérieur à 100.000%, un nouveau record mondial qui ne devrait pas bouleverser une population désormais résignée à une envolée des prix hors de tout contrôle. “Le taux annuel d’inflation pour le mois de janvier 2008 (…) est de 100.580,2%, en hausse de 34.367,9 points par rapport au taux de 66.212,3% de décembre”, a indiqué l’Office central des statistiques (CSO) dans un communiqué. Cela signifie qu’en un an, les prix de détail ont été multipliés par plus de 1.000. Ce chiffre faramineux ne devrait pas impressionner les Zimbabwéens, estime Rangarirai Mberi, rédacteur en chef d’un hebdomadaire économique, the Financial Gazette. “Les gens ont appris à vivre avec l’inflation. Les chiffres ne les choquent plus”, dit-il. “Ils ont appris à vivre dans un environnement hyperinflationniste.” Selon lui, le marasme économique devrait toutefois être dans toutes les têtes au moment des élections présidentielle et législatives du 29 mars, au cours desquelles le président Robert Mugabe briguera un sixième mandat. “L’état de l’économie va certainement jouer un rôle proéminent dans le scrutin”, prédit le journaliste. Godfrey Kanyenze, économiste en chef du Congrès des syndicats zimbabwéens (ZCTU, proche de l’opposition), partage cette opinion. “L’état de l’économie sera déterminant dans les élections.” Pour lui, l’approche du scrutin explique d’ailleurs cette dernière envolée. “Elle résulte d’un usage excessif de la planche à billets à des fins électorales”, assure-t-il. Le syndicaliste estime que le taux est encore sous-évalué et que l’inflation pourrait être près de 150.000%. “La situation est hors de contrôle. Vous pouvez le ressentir, le sentir et le voir”, lance-t-il. Depuis huit ans, l’économie du Zimbabwe, autrefois grenier à grains de l’Afrique, se désagrège. Outre cette hyperinflation, le pays souffre d’un taux de chômage de près de 80% et d’un effondrement de sa production. L’Occident accuse la réforme agraire de 2000 suivie de l’expropriation des fermiers blancs d’avoir désorganisé le secteur agricole, un pilier vital de l’économie. Le président Mugabe — qui aura 84 ans jeudi — met en cause les sanctions imposées aux membres de son régime après sa réélection controversée en 2002. Son gouvernement a tenté en juin dernier d’imposer un contrôle des prix qui n’a fait qu’aggraver les pénuries, la plupart des producteurs s’estimant incapables de couvrir leurs frais aux prix imposés. La Banque centrale a dû dévaluer à plusieurs reprises sa monnaie et a introduit en janvier des billets allant jusqu’à 10 millions de dollars zimbabwéens. Les Zimbabwéens survivent en faisant des courses avec des sacs de billets – souvent au marché noir -, en sautant des repas, en ne se déplaçant qu’à pied et grâce à l’aide financière de la diaspora. David Mupamhadzi, économiste au sein du groupe bancaire Zimbabwe Allied, craint que leur situation ne devienne encore plus difficile. “La dernière hausse aura de lourdes répercussions sur l’industrie et le niveau de vie des gens ordinaires”, regrette-t-il. “Les prix sont déjà hors d’atteinte pour la plupart, cela va empirer”. |
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