La Fed de moins en moins optimiste pour la croissance américaine

 
 
CPS.HIM60.200208220934.photo00.quicklook.default-245x131.jpg
La Réserve fédérale américaine à Washington, le 30 janvier 2008 (Photo : Nicholas Kamm)

[20/02/2008 21:10:44] WASHINGTON (AFP) La Réserve fédérale américaine (Fed) a encore baissé mercredi ses prévisions de croissance pour 2008, tout en se montrant plus inquiète sur l’inflation, en raison de la faiblesse du marché immobilier, de la crise du crédit et de la flambée du pétrole.

La Fed pense désormais que le produit intérieur brut américain connaîtra une expansion comprise entre 1,3% et 2,0%, cette année, “un taux appréciablement inférieur à son rythme” naturel, a-t-elle souligné.

Cette nouvelle fourchette est “considérablement plus basse” que la dernière publiée fin novembre (1,8%-2,5%), qui était déjà très inférieure à la précédente (2,5%-2,75%) qui remontait à l’automne, a rappelé la banque centrale dans un document accompagnant les minutes de sa réunion de la fin janvier.

Ces révisions s’expliquent par plusieurs facteurs “parmi lesquels une intensification de la correction du marché immobilier résidentiel, un resserrement des conditions de crédit sur fond d’inquiétude accrue en matière de qualité de crédit et les turbulences des marchés financiers”, a détaillé la banque centrale, qui a également cité “les prix élevés du pétrole”.

Les minutes de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed, les 29 et 30 janvier, font apparaître que plusieurs de ses membres se sont montrés préoccupés par les risques de contraction de l’activité dans la première économie mondiale, qu’ils ont jugés “significatifs”.

“En l’absence de signe de stabilisation du secteur du logement et faute d’une stabilisation des conditions financières, le comité a convenu que les risques pesant sur la croissance allaient demeurer même après cette action” (de baisse de 0,50 point du taux directeur), indique le document.

Les membres du comité de politique monétaire n’ont pas été unanimes dans leurs projections, et même si aucun n’a prédit une récession en 2008, la fourchette la plus citée a été un faible 1,4%-1,5%.

La Fed a simultanément relevé ses prévisions d’inflation pour l’année, qu’elle projette désormais entre 2,0% et 2,2% (hors énergie et alimentation), contre une fourchette de 1,7% à 1,9% anticipée jusqu’alors. Cette révision “a été motivée pour partie par la nette accélération des prix du pétrole”.

Les prix du baril de pétrole ont établi un nouveau record mercredi à New York, en se hissant à 101,32 dollars. Simultanément à Londres, le baril de Brent dépassait pour la première fois le seuil des 99 dollars à 99,22 dollars.

Cependant, “l’inflation de base devrait se modérer au cours des deux prochaines années”, a-t-elle nuancé, ouvrant la voie à une possible nouvelle baisse des taux, lors de sa prochaine réunion le 18 mars.

Dans les minutes de la réunion de janvier, certains des membres de la Fed ont toutefois relevé que si la situation économique devait s’améliorer dans les mois à venir, “un changement de cap rapide” en matière de taux “pourrait être approprié” pour lutter contre la hausse des prix.

La Fed a également revu à la hausse ses prévisions de chômage pour l’année, tablant sur un taux compris entre 5,2% et 5,3%, alors qu’elle envisageait jusqu’alors 4,8-4,9%.

La banque centrale a porté un jugement favorable sur le plan de relance de 168 milliards de dollars signé par le président George W. Bush, estimant “qu’il fournirait vraisemblablement un coup de fouet temporaire à la demande au deuxième semestre”.

Pour 2009, la Fed prévoit une reprise de la croissance entre 2,1% et 2,7%, une fourchette encore inférieure aux anticipations passées (2,3%-2,7%). En 2010, le rebond devrait être plus net, entre 2,5% et 3,0%, contre 2,5-2,6% prévu auparavant.

 20/02/2008 21:10:44 – © 2008 AFP