[21/02/2008 13:18:23] PARIS (AFP) Gonflée par les prix du pétrole et de l’alimentation, l’inflation a atteint en janvier son plus haut niveau depuis 1992, à +2,8% sur un an, et amputera mathématiquement le pouvoir d’achat des ménages, au risque de freiner la consommation et la croissance début 2008. “L’inflation est devenue suffisamment forte pour modifier la trajectoire à court terme de l’économie française”, en pesant sur la consommation, estime Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès. “Néanmoins, ce retour de l’inflation ne devrait pas aller au-delà du premier semestre 2008”, tempère-t-il. L’Insee table en effet sur un pic d’inflation à 3,0% en février, avec un reflux progressif par la suite. Selon l’Institut national de la statistique, les prix à la consommation de l’ensemble des ménages ont en moyenne diminué de 0,1% en janvier par rapport à décembre mais ce léger repli est lié principalement aux soldes de janvier qui ont réduit les prix dans l’habillement (-7,4%, +0,5% sur un an). A l’inverse, les prix de l’énergie, et surtout de l’alimentation, continuent de grimper, souligne l’Insee. Dans l’alimentation, l’indice des prix s’accroît ainsi de 1,4% par rapport à décembre, soit une hausse de 4,2% par rapport à janvier 2007. “Le trait saillant, c’est cette augmentation des prix alimentaires”, essentiellement due à l’envolée des cours des matières premières agricoles, analyse Pierre-Olivier Beffy, économiste à l’Insee. Etant donné le délai de diffusion de ces hausses aux produits agro-alimentaires transformés, il est peu probable que l’inflation ralentisse dans ce secteur d’ici à l’été prochain, estime-t-il. Or, cette “inflation alimentaire” est “celle qui est la plus perceptible” dans le chariot de la ménagère, relève Alexandre Mirlicourtois (Xerfi), pour qui “le pouvoir d’achat a pris un rude coup en début d’année”. Aussi sensibles que symboliques pour le consommateur, les prix de l’énergie ont de nouveau progressé en janvier (+0,8% par rapport à décembre), bondissant de 12,3% sur un an. Pour les seuls produits pétroliers, la hausse est de 0,5% en janvier mais atteint 19,1% par rapport au même mois en 2007. Les produits manufacturés sont en revanche en nette baisse, diminuant de 1,5% en janvier et ne progressant que de 0,3% sur un an. Les prix des services sont eux aussi restés sages, progressant de 0,1% en janvier, soit +2,3% sur les douze derniers mois. Pour Nicolas Bouzou, ce regain d’inflation a contribué au recul du moral des ménages, au plus bas niveau de son histoire le mois dernier. Et il “diminue arithmétiquement la progression du pouvoir d’achat ce qui, en retour, devrait tirer vers le bas la consommation”, principal moteur de la croissance française ces dernières années. “La hausse de l’inflation ampute le pouvoir d’achat des ménages” qui ne devrait pas progresser de plus de 0,4% au premier semestre, alors qu’il a gagné 3,3% sur l’ensemble de 2007, reconnaît M. Beffy. Mais l’Insee s’attend toujours à ce que les ménages français, dont le taux d’épargne a battu des records l’an dernier, mettent en 2008 un peu moins d’argent de côté pour pouvoir continuer à consommer au même rythme que par le passé. La Commission européenne a revu jeudi à la hausse sa prévision d’inflation pour la France à +2,4% pour 2008. En janvier, l’inflation française était de 3,2%, selon l’indice harmonisé utilisé pour les comparaisons entre pays de l’UE. Le budget 2008 a été élaboré sur la base d’un taux d’inflation moyen de 1,6%, après 1,5% l’an dernier. |
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