[21/02/2008 12:37:41] BRUXELLES (AFP) L’Europe se prépare à un cocktail économique amer en 2008 avec un net ralentissement de la croissance conjuguée à une valse des étiquettes, selon les dernières prévisions de la Commission européenne publiées jeudi. Par rapport à son dernier état des lieux remontant à novembre, elle a fortement abaissé sa prévision de croissance pour la zone euro, ramenée à 1,8% contre 2,2%. L’an dernier, le Produit intérieur brut (PIB) avait crû 2,7%. La Commission reste cependant un peu plus optimiste que le Fonds monétaire international (FMI) qui table sur 1,6%. Cette décélération attendue de l’activité, amorcée déjà au quatrième trimestre 2007, est due à l’impact de la crise financière mondiale, au ralentissement économique aux Etats-Unis et au pétrole cher. Les prix du baril viennent de nouveau de franchir le seuil de 100 dollars. “L’Europe commence clairement à ressentir l’impact des turbulences mondiales en termes de croissance plus faible et d’inflation plus élevée”, a indiqué le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia. La correction des prévisions de croissance est particulièrement marquée dans deux des plus importantes économies de la zone, l’Allemagne (-0,5 point à 1,6%), et l’Italie (-0,7 point à 0,7%), où des élections législatives sont prévues les 13-14 avril et alors que la question du pouvoir d’achat est au premier plan des préoccupations chez des salariés. La Commission a aussi revu en baisse sa prévision pour la France de 0,3 point à 1,7%, un chiffre très en-deçà des prévisions du gouvernement français qui a bâti son projet de budget 2008 avec une hypothèse comprise entre 2% et 2,5%. Une mauvaise nouvelle pour Paris, qui s’ajoute à la révision la veille des prévisions du Fonds monétaire international. Le seul pays pour lequel la Commission prévoit une croissance plus forte qu’en novembre est les Pays-Bas (2,9% contre 2,6% avant).
La Commission prévoit par ailleurs une forte hausse des prix cette année. Elle a nettement relevé sa prévision d’inflation dans la zone euro pour l’année en cours, à 2,6%, contre 2,1% dans sa précédente estimation de novembre, en raison de la “forte hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie”. C’est nettement au-dessus de la limite que se fixe la Banque centrale européenne (BCE), qui vise une inflation à moyen terme juste en-dessous de 2%, un niveau dépassé depuis septembre. M. Almunia s’attend toutefois à ce que l’inflation ralentisse fin 2008. Ce mélange de croissance ralentie et de forte inflation est un problème pour l’Europe, faisant craindre un scénario de stagflation, alliant croissance en berne et forte hausse des prix. Le commissaire Almunia a cependant écarté toute hypothèse d’un scénario de stagflation. “Nous ne sommes pas dans une situation de stagflation. Nous sommes dans un environnement conjuguant croissance plus faible et inflation plus forte, mais il y a toujours de la croissance, et les pressions inflationnistes peuvent être combattues et réduites”, a-t-il dit lors d’une conférence de presse. La Commission parie également sur la “résistance” de la zone euro “grâce aux réformes déjà mises en oeuvre” et sur ses “bons fondamentaux” pour l’aider à faire face aux turbulences mondiales. Reste que cette situation devrait rendre difficile cette année la tâche de la Banque centrale européenne (BCE), chargée de juguler l’inflation mais soucieuse en même temps de ne pas porter un coup supplémentaire à la croissance avec un resserrement du coût du crédit. |
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