[22/02/2008 14:17:04] PARIS (AFP) Inflation et morosité obligent, la consommation des ménages français a de nouveau décroché en janvier, reculant de 1,2% malgré les soldes d’hiver, un ralentissement qui risque de se confirmer dans les prochains mois et de peser dangereusement sur la croissance en 2008. Selon les chiffres publiés vendredi par l’Insee, la consommation en produits manufacturés, qui ne représente qu’un quart de la consommation totale mais constitue un bon indicateur de la tendance globale, a cédé du terrain dans tous les secteurs à l’exception de l’habillement, subissant son recul le plus marqué depuis juillet 2004. Dopé par les soldes, le cuir-textile a gagné 2,3% par rapport à décembre, mais seulement 0,1% sur un an. La chute est particulièrement nette dans les biens durables (-3,9%), qui enregistrent leur plus forte baisse depuis plus de onze ans, en raison du plongeon des achats d’automobiles (-8,7% après +6,7% en décembre), souligne l’Institut national de la Statistique. “Les gens ont acheté en décembre plus de voitures, anticipant le bonus-malus écologique qui entrait en vigueur au 1er janvier”, explique-t-on à Bercy. Abstraction faite de ce “coup d’accordéon” dans l’automobile, “la consommation se serait redressée”, assure l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde. “En dépit des apparences, la consommation des ménages tient à peu près le coup”, confirme Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès. “Cette analyse ne signifie pas du tout qu’il ne faille pas s’inquiéter de l’évolution de la consommation cette année”, tempère-t-il, citant “les tensions inflationnistes (+2,8% en janvier) et le niveau très bas du moral des ménages”.
L’Insee s’attend en effet à un pic d’inflation en début d’année 2008 qui va amputer le pouvoir d’achat des ménages, attendu en fort ralentissement (+0,4% seulement au premier semestre 2008 contre +3,3% sur l’ensemble de 2007). Mais l’Institut s’attend toujours à ce que les Français, dont le taux d’épargne a battu des records l’an dernier, mettent en 2008 un peu moins d’argent de côté pour pouvoir continuer à consommer au même rythme que par le passé, soit environ +2% par an. Ajoutant à la liste des préoccupations le ralentissement dans la baisse du chômage, le resserrement des conditions de crédit, l’atterrissage de l’immobilier et la dégradation de la situation économique mondiale, Mathieu Kaiser (BNP Paribas) estime pourtant que “les effets du paquet fiscal” voté l’été dernier ne suffiront pas à compenser l’érosion de la consommation. Pour Alexandre Mirlicourtois, du cabinet Xerfi, on assiste également au “chant du cygne” des biens d’équipement du logement (électronique grand public, électroménager et meubles), longtemps “vedettes” de la consommation mais qui n’ont gagné en janvier que 0,8% malgré la période des soldes. “Quelque chose a bien été cassé dans la dynamique de consommation”, “principal moteur de la croissance française depuis 1998”, résume l’économiste Marc Touati. “La baisse de la consommation au quatrième trimestre 2007 puis au mois de janvier 2008 ne sont pas de simples accidents sans lendemain”, poursuit-il, jugeant “la consommation en danger, et avec elle l’ensemble de l’économie française”. “Molle la croissance est, molle elle restera”, assure M. Touati, qui table comme Xerfi sur une progression du PIB de seulement 1,4% cette année. Le gouvernement a jusqu’à présent maintenu sa prévision “proche de 2%”, bien que le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne aient, coup sur coup, sévèrement revu à la baisse leurs prévisions, à respectivement 1,5% et 1,7%. |
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