[22/02/2008 13:44:41] MONACO (AFP) Surexploitation des ressources, changements climatiques, pollution et acidification des océans font peser de lourdes menaces sur l’avenir de la pêche mondiale et pourraient avoir des conséquences graves sur l’alimentation de millions de personnes, selon un rapport de l’Onu publié vendredi à Monaco. Le rapport, publié à l’occasion d’une session du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), brosse pour la première fois un tableau global des nuisances auxquelles est exposé l’environnement marin, en soulignant leur “synergie” et l’amplification attendue de leurs effets dans les prochaines années. “Il y a trop de bateaux, équipés de trop de technologies, pour prendre trop peu de poissons”, résume un expert. Particulièrement visé, le chalutage de fond. Cette technique de pêche, qui se pratique en traînant des chaluts en entonnoirs dans les grands fonds, bouleverse les écosystèmes, selon l’Onu. Le rapport ne cible aucun pays en particulier. Toutefois, selon des experts contactés, quatre pays sont en pointe dans la surexploitation marine: la Corée du sud qui dispose d’une flotte de pêche considérable, l’Espagne dont la pêche est subventionnée et s’exerce bien au-delà des eaux européennes, le Japon et la Russie. “La pêche est actuellement l’un des activités les plus destructrices sur la planète”, affirme un expert de l’Onu -et aussi l’une des plus anarchiques, favorisée par un manque d’informations, d’observations et de contrôle. “L’absence de données solides, l’insuffisance d’observations des milieux océaniques et une mentalité du +pas vu, pas pris+ ont sans doute provoqué une plus grande dégradation de l’environnement que ce qui aurait été permis” sur les continents, indique le rapport de l’Onu. Les changements climatiques, en bouleversant la circulation des grands courants et en perturbant les mécanismes de “purgation” des fonds marins, accélèrent la désorganisation générale. Plusieurs variétés de plancton, l’une des bases de la chaîne alimentaire, sont menacées ainsi que les récifs coralliens où de nombreuses espèces trouvent leur nourriture. L’absorption par les océans de quantités croissantes de CO2 –le dioxyde de carbone produit par l’activité humaine– augmente les niveau d’acidité et inhibe ainsi la transformation du calcium dont les mollusques et les planctons calcaires ont besoin pour survivre. Huîtres, clams, moules et buccins sont les espèces les plus menacées. Le rapport note par ailleurs que la pollution marine, d’origine terrestre à 80%, va en s’accélérant, particulièrement en Asie de l’est et du sud-est, où la croissance démographique renforce l’urbanisation côtière. L’Onu met en garde contre l’impact cumulatif de ces phénomènes: “Si les pressions sur les zones de pêche ne sont pas réduites -notamment le chalutage de fond et la pollution– l’impact peut devenir catastrophique, entraînant la disparition ou une forte réduction des réserves de pêche”, indique le rapport. “A la différence des pays du nord, des millions de gens dans les pays développés n’ont aucun choix pour leur nourriture quotidienne: ils mangent du poisson”, notamment sur les côtes africaines, observe Nick Nuttal, porte-parole du Pnue. Christian Nellemann, responsable de l’équipe qui a rédigé le rapport, appelle à une prise de conscience rapide des décideurs politiques. Plus tard sera trop tard: “Nous sommes confrontés à des signes de plus en plus alarmants montrant des changements dramatiques dans les océans. C’est comme un gros tanker auquel il faut faire opérer un demi-tour. Le succès dépend de notre capacité à agir vite”, dit-il. |
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