L’Allemagne resserre l’étau sur le Liechtenstein et les paradis fiscaux

 
 
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Panneau placé à l’entrée du Liechtenstein, le 19 février 2008 (Photo : Fabrice Coffrini)

[22/02/2008 16:07:09] BERLIN (AFP) L’Allemagne a encore accru la pression vendredi sur le Liechtenstein et d’autres paradis fiscaux, menaçant de pénaliser les investissements dans leurs banques s’ils continuent à attirer les fraudeurs.

Le gouvernement allemand a annoncé que si le Liechtenstein ne coopérait dans la lutte contre la fraude fiscale, il pourrait imposer “une déclaration obligatoire de tous les transferts d’argent” vers la principauté ou les imposer à la source.

“Nous ne pouvons pas accepter que d’autres pays développent des modèles financiers, des institutions ou des pratiques qui conduisent à ne pas payer ses impôts en Allemagne, ou à rendre la fraude attractive”, a déclaré un porte-parole adjoint du gouvernement, Thomas Steg.

Le Liechtenstein est cloué au pilori depuis que des informations sur ses pratiques bancaires achetées par les services secrets allemands ont déclenché la semaine dernière une gigantesque enquête contre la fraude fiscale.

M. Steg a rappelé qu’Andorre, le Liechtenstein et Monaco étaient aux yeux de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) des paradis fiscaux qui “offrent un cadre d’évasion fiscale à certains de leurs clients” en refusant “de coopérer dans les échanges bilatéraux d’informations fiscales”.

“Nous le regrettons vivement et attendons d’eux qu’ils corrigent leurs pratiques”. Mais si le scandale en cours ne “suffit pas à motiver” le Liechtenstein à accepter rapidement l’échange d’informations que réclament l’OCDE et l’Union européenne, l’Allemagne pourrait prendre des mesures bilatérales supplémentaires, a mis en garde le ministère des Finances.

La mise en garde s’adresse également à Monaco et Andorre, l’Allemagne n’ayant pas “une politique de deux poids deux mesures”, ont ajouté les porte-parole.

“L’instauration d’une déclaration et d’une justification obligatoire de tous les transferts d’argent vers le Liechtenstein est tout à fait possible, estime le fiscaliste Lorenz Jarass, de l’université de Wiesbaden.

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Une banque au dessous du château de Vaduz au Liechtenstein, le 19 février 2008 (Photo : fabrice coffrini)

“Ce serait très dissuasif, car à part une bonne raison objective, comme l’achat d’une maison ou d’une marchandise à Vaduz, comment justifier que le virement bancaire n’est pas destiné à frauder le fisc?”, demande-t-il.

Quant à une retenue à la source, “ce n’est même pas nécessaire”, ajoute-t-il. Je crois que le mal est déjà fait pour le Liechtenstein. La maison brûle”.

Le Liechstentein, un micro-Etat de 35.000 habitants, tente de résister aux pressions en se drapant dans son bon droit. Le prince héritier Alois von und zu Liechtenstein a accusé l’Allemagne d’avoir lancé une campagne “teutonique” contre un Etat souverain.

Son premier ministre Otmar Hasler répète que la principauté ne renoncera pas au secret bancaire, affirmant qu’il revient “aux autorités fiscales de chaque pays” de traquer elles-mêmes les contribuables qui les fraudent.

“Le ton très dur des autorités du Liechtenstein est un peu celui du désespoir, commente le professeur Jarass. Elles redoutent une fuite massive des capitaux investis chez elle, qui seront transférés aux Bahamas, à Jersey, vers un autre paradis fiscal plus sûr”.

“La principauté est bien consciente que désormais en Allemagne, toute personne plaçant de l’argent chez elle est comme présumée coupable d’évasion fiscale”.

Pour cet expert, Berlin ne vise pas seulement les trois principautés sur la liste noire de l’OCDE. “Le message du fisc allemand va au-delà, vers la Suisse, qui est le grand pays d’accueil de la fraude fiscale, affirme-t-il. D’où cette réaction de panique des Suisses qui comparent les méchants enquêteurs allemands à la Gestapo”.

Le président de l’Association suisse des banquiers, Pierre Mirabaud, s’est excusé jeudi soir après avoir déclaré que les méthodes employées par l’Allemagne pour obtenir des données sur l’évasion fiscale évoquaient “des méthodes dignes de la Gestapo.”

 22/02/2008 16:07:09 – © 2008 AFP