British American Tobacco met la main sur le tiers de l’énorme marché turc

 
 
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Une employée de British American Tobacco tient des cigarettes (Photo : Oliver Lang)

[22/02/2008 17:22:01] LONDRES (AFP) Le numéro deux mondial des cigarettes British American Tobacco (BAT) a remporté vendredi la procédure de privatisation du groupe turc Tekel, qui va lui donner plus du tiers de l’énorme marché local, poursuivant sa stratégie de développement dans les pays émergents.

Le groupe a annoncé dans un communiqué qu’il avait remporté l’appel d’offres lancé l’an dernier par Ankara pour la somme de 1,72 milliard de dollars (environ 1,17 milliard d’euros), qui concerne l’activité cigarettes du groupe public.

La transaction, qui reste suspendue au feu vert des autorités turques de la concurrence, devrait être bouclée en cours d’année.

Fondée en 1862, Tekel détient 29% du marché turc, dont la marque numéro un, “Tekel 2001” (13,7% des ventes).

“Une fois achevée, l’acquisition va porter la part de marché de British American Tobacco en Turquie à environ 36%, contre un peu plus de 7% actuellement”, a souligné le groupe britannique, qui n’est présent dans le pays que depuis 2002.

BAT a précisé que l’opération augmenterait ses bénéfices dès l’an prochain.

Si le prix payé par BAT peut sembler élevé au premier abord, il ne représente que 2% de la capitalisation boursière du britannique, et “c’était une occasion unique de prendre une position majeure dans l’un des dix plus gros marchés du monde” pour les ventes de tabac, a commenté Jonathan Fell, analyste du secteur chez Deutsche Bank.

Car le gâteau est énorme : 38% de la population adulte fume en Turquie (60% des hommes et 20% des femmes), et l’expression “fumer comme un Turc” semble toujours justifiée puisque 110 milliards de cigarettes ont été écoulées l’an dernier en Turquie, deux fois plus qu’en France, malgré un nombre d’habitants assez proche.

Toutefois, les autorités, inquiètes de l’impact du tabagisme sur la santé de leurs concitoyens, se sont récemment saisies de ce problème. A l’imitation des lois votées dans de nombreux pays européens, le Parlement a voté en début d’année une loi interdisant de fumer dans les lieux publics (y compris les bars et restaurants), qui entrera en vigueur l’an prochain.

Pour BAT, qui se présente comme le groupe le plus international du secteur, cette opération s’inscrit dans une stratégie visant à alimenter sa croissance à coup d’acquisitions sur les marchés émergents, alors que dans les pays plus “mûrs”, ses volumes de ventes sont minés par la baisse de la consommation de tabac et le développement des interdictions de fumer.

“A mesure que leurs revenus augmentent, particulièrement dans les pays émergents, les fumeurs se tournent vers les marques internationales”, et c’est ce marché d’avenir que BAT tente de capter, selon son directeur général Paul Adams.

Ankara avait relancé la privatisation de Tekel l’an dernier, après deux tentatives infractueuses.

Aucun autre fabricant de cigarettes n’a participé à la phase finale de l’appel d’offres, qui a vu BAT s’opposer à deux consortiums menés par des groupes turcs, Dogan et Lima Insaat, et un troisième dirigé par le fonds d’investissement Cinven.

Selon M. Fell, British American a sans doute eu les coudées franches car deux de ses principaux rivaux venaient de boucler d’importantes acquisitions, et ont donc sans doute renoncé pour cette raison à se lancer dans une bataille de surenchères pour Tekel : le britannique Imperial Tobacco, qui a acquis le franco-espagnol Altadis le mois dernier, et Japan Tobacco, qui s’est emparé du britannique Gallaher début 2007.

 22/02/2008 17:22:01 – © 2008 AFP