[23/02/2008 11:01:08] TOKYO (AFP) Le Japon a lancé samedi un satellite expérimental qui testera les possibilités d’accès à internet à ultra haut-débit et sans relais terrestre depuis presque n’importe quel point d’Asie, dans le but final de réduire la “fracture numérique”. La fusée H-2A transportant le satellite a décollé samedi à 17H55 (08H55 GMT) de la base de Tanegashima, dans le sud du pays, selon des images retransmises en direct sur internet par l’Agence d’exploration spatiale japonaise (Jaxa). Le satellite, baptisé “Kizuna” (ou WINDS selon la dénomination scientifique), s’est séparé avec succès de la fusée environ 35 minutes après le lancement, a ensuite précisé un responsable de l’Agence. “Kikuna”, qui coûte 342 millions de dollars, est un engin expérimental. Il doit permettre l’accès à internet et l’échange de données à très haut débit sans dépendre d’infrastructures terrestres. L’expérience doit durer cinq ans. L’ambition ultime est la mise en place d’un dispositif pour effacer les “zones blanches”, à savoir les régions démunies en infrastructures et donc non couvertes par un réseau de données rapide, dans la majeure partie de l’Asie-Pacifique, selon la Jaxa. L’envoi et la réception de données s’effectueront via un émetteur/récepteur associé à une antenne parabolique, comme celles utilisées pour capter en direct les bouquets de télévision diffusés par satellite. En théorie, ce système expérimental permettra de recevoir les données à un débit de 1,2 gigabit par seconde (Gbit/s), ce qui constitue, selon la Jaxa, une première mondiale. Ce “débit théorique crête” correspond à 150 fois une liaison ADSL de débit moyen (8 mégabit/s), ou encore à douze fois la vitesse descendante d’un accès par fibre optique directe jusqu’au foyer (FTTH). Cependant, pour obtenir une telle vitesse, il faut une antenne parabolique de 5 mètres de diamètre, ce qui est difficilement réalisable pour le grand public. Avec un modèle de 45 centimètres (petite taille classique), le débit de réception théorique est de 155 mbit/s, soit une fois et demie celui de la fibre FTTH, solution la plus performante à l’heure actuelle pour les particuliers. “Kizuna” sera pour sa part équipé de divers types d’antennes, dont un exemplaire dit “à commande de phase” dont les paramètres peuvent être ajustés de façon à faire varier le diagramme de rayonnement. Cette fonctionnalité permet de renforcer les capacités sur une zone donnée en fonction des besoins, ce qui peut par exemple être utile en cas de catastrophe naturelle ayant endommagé les infrastructures au sol. Le mot “Kizuna”, qui signifie “liens” en japonais, a été choisi par le grand public nippon au terme d’un appel à suggestions lancé par la Jaxa. Selon l’Agence, le choix de ce mot symbolise “le grand espoir que ce satellite permettra de créer des liens entre les gens”. Le satellite travaillera dans la bande de fréquence dite “Ka”. Cette dernière étant facilement perturbée par les pluies violentes ou les barrières de nuages, les ingénieurs de la Jaxa ont aussi conçu des équipements d’amplification de signaux dont cette expérimentation grandeur nature permettra de valider l’efficacité. Le satellité devait initialement être placé en orbite le 15 février, mais un problème technique sur la fusée H-2A avait obligé le groupe Mitsubishi Heavy Industries (MHI), opérateur des lancements, à reporter le tir. Le lancement de samedi est le deuxième géré directement par MHI depuis la privatisation de la fusée H-2A en avril 2007. Après un échec en novembre 2003, quand une fusée transportant un satellite espion japonais avait dû être détruite en plein vol pour cause d’ennui technique, les tirs de la H-2A ont repris en février 2005. Le lancement de samedi était le huitième depuis cette date. |
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