[24/02/2008 16:50:18] PARIS (AFP) Plus de 3.000 vaches, moutons, chiens ou cochons et un millier d’exposants se sont installés pour neuf jours aux portes de Paris, pour le Salon de l’Agriculture, un rendez-vous traditionnel qui attire chaque année de nombreux Français. Quelque 600.000 visiteurs vont arpenter jusqu’au 3 mars les allées du Salon et participer à des dégustations de produits du terroir ou des échanges avec les agriculteurs. Passage obligé pour les hommes politiques, le Salon a été inauguré samedi par le président Nicolas Sarkozy, qui l’a visité au pas de charge, rompant ainsi avec les habitudes de son prédécesseur Jacques Chirac, qui passait de longues heures sur les différents stands du salon. Pour séduire les citadins et corriger les clichés qui circulent sur le monde rural, des rencontres “speed dating” de deux minutes sont organisées cette année entre agriculteurs et visiteurs, du même type que celles organisées entre célibataires. Si les agriculteurs français ont vu leur revenu moyen augmenter en 2007, avec la hausse des cours des céréales, cette amélioration masque des disparités importantes, puisque les éleveurs, notamment de porc, connaissent de grandes difficultés.
Dans la troisième puissance agricole mondiale, de nombreux paysans s’inquiètent également des négociations en cours à l’OMC sur la baisse des barrières douanières, des craintes que Nicolas Sarkozy a tenté de dissiper en promettant qu’il s’opposerait “fermement” à tout accord “qui ne servira pas les intérêts” de la France. Certains affichent toutefois leur foi dans l’avenir, l’agriculture étant un enjeu stratégique majeur, pour nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse mais aussi avec le développement des énergies renouvelables comme les agrocarburants. Nicolas Sarkozy avait inauguré samedi le 45e salon de l’agriculture en promettant d’engager dès la présidence française de l’Union européenne (UE) en juillet une “refondation” de la politique agricole commune et en affichant sa fermeté dans les négociations à l’OMC. Pour le premier salon de son quinquennat, le chef de l’Etat a rompu avec les habitudes de son prédécesseur Jacques Chirac en préférant à ses interminables déambulations entre veaux, vaches, couvées et produits du terroir une visite express de deux petites heures et, grande première, un discours. Devant les responsables agricoles , Nicolas Sarkozy a répété sa volonté d’imposer dès qu’il aura pris les commandes de l’UE au 1er juillet 2008 l’ouverture de discussions de fond sur l’avenir de la politique agricole commune, normalement fixées en 2013 par le calendrier européen. “Pourquoi attendre ce rendez-vous? (…) sur la PAC, je veux la rupture avec le conservatisme et l’immobilisme (…) je suis convaincu que la PAC doit être rénovée, refondée”, a-t-il lancé. “Je veux être clair: nous veillerons à ce que cet exercice (la présidence française de l’UE) soit l’occasion d’engager dès 2009, je pèse mes mots, une véritable refondation des modalités de mise en oeuvre de la PAC dans notre pays, qui se fera en totale conhérence avec nos objectifs politiques de 2013”, a poursuivi le président. “La France engagera au cours de cet exercice une véritable discussion avec chacun de nos partenaires européens, avec le double objectif d’une meilleure gestion des risques climatiques, sanitaires et économiques”, a-t-il insisté. La Commission européenne doit présenter en mai les propositions de modifications de la PAC –tirées de son “bilan de santé”– qui doivent être adoptées ensuite sous présidence française. Le chef de l’Etat a également profité de son discours pour assurer qu’il s’opposerait “fermement” à tout accord à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), où se discute actuellement le principe d’une forte réduction des barrières douanières, “qui ne servira pas les intérêts” de la France, troisième puissance agricole mondiale. Nicolas Sarkozy a regretté “que l’Europe accepte des concessions toujours plus importantes sans rien obtenir en retour”. “Comme il faut l’unanimité (à l’OMC, ndlr), chacun est devant ses responsabilités”, a-t-il ajouté. Saluant la part jouée par l’agriculture dans “l’identité, la tradition française”, le président a annoncé que la France allait déposer auprès de l’UNESCO une demande de classement de sa gastronomie, “la meilleure au monde” a-t-il dit, au patrimoine immatériel de l’Humanité. Ses déclarations ont été accueillies avec une satisfaction prudente du monde agricole. “C’est un discours encourageant et mobilisateur pour les agriculteurs, mais comme l’a dit lui-même le président, les paroles c’est une chose, les actes c’est autre chose”, a commenté à l’AFP Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, le principal syndicat français. Après son discours, Nicolas Sarkozy a satisfait à la tradition en parcourant au pas de charge et dans une cohue indescriptible les allées du salon, le temps d’engloutir un verre de lait, une tranche de jambon et une pomme. Souvent applaudi à son passage, il a aussi essuyé quelques sifflets. Commentaire du chef de l’Etat à l’issue de sa visite agitée: “vous savez, moi aussi j’ai été secoué”. |
||||
|