Siemens met 6.800 emplois en jeu pour se restructurer

 
 
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Le directeur financier de Siemens Joe Kaeser lors d’une conférence de presse, le 26 février 2008 à Munich, en Allemagne (Photo : Jörg Koch)

[26/02/2008 14:23:33] BERLIN (AFP) Siemens a annoncé mardi une lourde restructuration de son activité de systèmes de télécommunication, mettant en jeu des milliers d’emplois et confirmant le déclin en Allemagne des métiers de production électronique.

6.800 sur un total de 17.500: c’est le nombre de salariés dont le conglomérat allemand veut se séparer dans sa division déficitaire SEN, qui offre aux entreprises des systèmes de communications, incluant téléphone, internet, fax, etc.

Sur ce total, 3.800 emplois seront purement et simplement supprimés dans le monde, dont la majorité en Allemagne, au siège de SEN et dans les services administratifs.

Les 3.000 autres postes sortiront du giron de Siemens par le biais de cessions.

Le mot d’ordre de cette restructuration, qui va coûter entre 100 et 500 millions d’euros selon le directeur financier de Siemens Joe Kaeser, est d’abandonner la production de téléphones, terminaux et autres modems, pour se concentrer sur la fourniture de logiciels et de services.

Siemens n’exclut pas de fermer des usines. Il a des sites de production à Leipzig dans l’est de l’Allemagne, ainsi qu’à Thessalonique en Grèce et Curitiba au Brésil.

Le groupe s’est empressé de préciser que les emplois à Leipzig étaient garantis “pour quelques années”, pour tenter d’éviter une levée de boucliers en Allemagne.

Il s’agit pour SEN, qui a perdu 602 millions d’euros l’an dernier, de rattraper le retard considérable pris sur le développement de la téléphonie par internet.

“Nous n’avons pas été à la pointe de l’innovation”, a reconnu M. Kaeser lors d’une conférence de presse, en soulignant aussi le “handicap compétitif” de SEN par rapport à ses concurrents que sont l’américain Cisco, le canadien Nortel ou encore le français Alcatel-Lucent.

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Des actionnaires de Siemens arrivent à l’assemblée générale du groupe, le 24 janvier 2008 à Munich, en Allemagne (Photo : Oliver Lang)

Ce dernier est souvent évoqué par la presse comme un possible repreneur pour Siemens SEN. Car c’est là le but de toute la manoeuvre: vendre “proprement” la division, a indiqué M. Kaeser.

“Nous prenons la responsabilité de la restructuration et de ses conséquences pour les salariés concernés. Il n’y aura pas de nouveau BenQ”, a-t-il assuré.

L’Allemagne avait été traumatisée en 2005 par la façon dont Siemens avait vendu à perte sa production de téléphones portables au taïwanais BenQ, qui l’avait mise en faillite, sacrifiant 3.000 emplois.

Peu à peu, Siemens prend ses distances avec toutes ses activités de production dans la téléphonie, autrefois l’un des piliers de son activité, à côté de la construction de centrales électriques ou de trains.

Il a déjà transféré dans une société commune avec le finlandais Nokia son activité de construction de réseaux de télécoms. Et entend se pencher sur sa production de téléphones sans fil et modems pour les particuliers.

Il y a quelques semaines, Nokia avait sonné le glas de la production de téléphones portables en Allemagne en annonçant la fermeture de son usine de Bochum (ouest), forte de 2.300 salariés.

Après les téléphones portables, c’est désormais la fabrication de composants électroniques qui serait menacée selon certains experts, en particulier en ex-RDA.

La ville de Dresde (est) s’inquiète des lourdes pertes enregistrées par les société Qimonda et Infineon, qui emploient des milliers de personnes sur place pour fabriquer puces et autres circuits intégrés.

“L’industrie automobile pourrait être la prochaine sur la liste”, estime le chercheur Gerd Held dans une tribune publiée par Die Welt.

“La production à la chaîne, avec peu de qualification et de valeur ajoutée, ne passe plus dans l’image que l’Allemagne se fait d’elle-même”, constate-t-il à propos de la fermeture de l’usine Nokia à Bochum. Et de se demander si c’est “la bonne stratégie pour un pays de 80 millions d’habitants”.

 26/02/2008 14:23:33 – © 2008 AFP