La mission du Fonds monétaire international (FMI), qui a séjourné au mois de
janvier 2008 à Tunis, a dressé un bilan fort positif de l’exercice 2007, et
a annoncé, pour l’année en cours, un léger ralentissement qui serait lié à
la conjoncture internationale : ralentissement probable de la croissance en
Europe et poursuite de l’augmentation des prix du pétrole et des produits de
base.
Pour éviter toute confusion, empressons-nous de préciser que cette mission
prépare les consultations régulières au titre de l’article IV des statuts du
FMI, requérant un examen annuel des politiques économiques de tous les pays
membres du FMI.
Par delà le plébiscite macroéconomique, la mission s’est particulièrement
intéressée au secteur bancaire. Elle note, à ce propos, que la forte
croissance enregistrée, en 2007 (+6,3%), a permis au secteur bancaire
d’améliorer sa rentabilité.
Les indicateurs disponibles, quoique partiels, semblent indiquer une
amélioration de la rentabilité des banques en 2007. Certaines ont profité de
la situation pour se recapitaliser, telles qu’Amen Bank et la BIAT. Cette
recapitalisation des banques tunisiennes est vivement souhaitée et
recommandée par les institutions de Bretton Woods.
En mars 2007, le FMI et la Banque mondiale, en mettant à jour le Programme
d’Evaluation du Secteur Financier tunisien, ont recommandé au gouvernement
l’urgence d’une recapitalisation des banques publiques.
Globalement, le FMI estime que l’amélioration de la rentabilité des banques
en 2007 devrait leur permettre de continuer la consolidation de leur bilan
et l’amélioration de leurs indicateurs prudentiels.
Pour 2008, la mission du FMI insiste sur la réforme du secteur bancaire et
évoque avec satisfaction la privatisation récente de la Banque
tuniso-koweitienne (BTK) à des conditions favorables et de la programmation
de d’autres banques. D’ailleurs, la Banque de Tunisie et des Emirats (BTE)
est également au programme de privatisations.
Pour mémoire, cette réforme s’inscrit dans la suite du programme de
modernisation lancé en 1997, de la loi bancaire de 2001 qui a défini un
cadre à la fois plus libéral pour l’exercice des métiers et plus rigoureux
en matière de contrôle et de sécurité ; et de la loi bancaire de 2006. Cette
dernière législation a établi des règles strictes en matière de transparence
et de distribution de crédits (mise en place d’un comité exécutif de crédit,
d’un système de contrôle de la conformité) et a renforcé le rôle de
surveillance de la BCT.
En dépit de cette réforme, pour le FMI, le secteur bancaire tunisien reste
fragmenté et de taille limitée et «sa consolidation serait bénéfique dans un
contexte de pressions compétitives accrues».
Le Fonds relève, néanmoins, une amélioration de la qualité des services
bancaires. Erigée en une obligation légale, estime le Fonds, la qualité des
prestations bancaires s’est améliorée et les efforts des autorités se
poursuivront pour la hisser à un niveau supérieur.
Le FMI se réjouit du projet de préparation des banques au passage à Bâle II,
d’ici 2010 et d’autres projets. A ce propos, la mission du FMI relève qu’il
est prévu de déléguer aux banques la cotation et la réalisation de
transactions sur les instruments de couverture des risques de change et de
taux d’intérêt, ainsi que l’extension de la durée de ces couvertures. Les
établissements de crédits cotés en Bourse ne sont plus limités par un
plafond sur leurs emprunts extérieurs.
Le maillon faible des banques tunisiennes demeure, toutefois, le niveau de
créances classées, principal souci des autorités monétaires. Le FMI estime
que les créances accrochées génèrent des pertes qui ne vont pas créer des
revenus, diminuent la profitabilité des banques, augmentent le coût de
financement des entreprises et favorisent le resserrement du crédit. C’est
pour toutes ces raisons qu’il faut s’en débarrasser. Et le plutôt serait le
mieux.
Les autorités bancaires tunisiennes, d’un commun accord avec le FMI ont
donné la priorité au renforcement des provisions au détriment des bénéfices,
avec notamment des incitations fiscales (défiscalisation complète). La
mission du FMI estime que la magnitude de ce coût fiscal est minime par
rapport au coût de ne rien faire.
En 2006, le taux moyen de créances classées s’est élevé à 19,1% contre 20,9%
en 2005. Pour 2007, aucun objectif n’est fixé en la matière, mais l’objectif
national est de les ramener à 15% en 2009.
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