Les prix de la téléphonie mobile à leur tour sur la sellette

 
 
[27/02/2008 18:26:07] PARIS (AFP)

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Comparaison des tarifs de la téléphonie mobile (Photo : jud)

En plein débat sur le pouvoir d’achat des Français, l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a accusé mercredi les opérateurs mobiles de ne pas avoir baissé globalement leurs tarifs depuis 2003, dénonçant une “collusion implicite” entre les acteurs du secteur.

“Il n’y a pas eu une vraie baisse généralisée des prix entre 2003 et 2007”, a déclaré Alain Bazot, président de l’association, en présentant une étude menée en contrepoint des chiffres avancés par les opérateurs mobiles. L’Afom (Association française des opérateurs mobiles) estime de son côté la baisse du prix moyen à la minute à 26% entre 2000 et 2006.

Pourtant, selon M. Bazot, toutes les conditions sont réunies pour des offres plus favorables aux consommateurs dans un marché désormais “mature”.

“On devrait avoir dans la téléphonie mobile ce qu’on a dans l’internet”, à savoir des offres illimitées, estime Julien Dourgnon, directeur des études de l’UFC.

Or, à l’inverse des fournisseurs d’accès internet, comme Free et Neuf Cegetel, qui maintiennent un prix constant pour une offre toujours plus riche, les opérateurs mobiles “accroissent le prix de leurs forfaits à mesure qu’ils ajoutent de nouveaux services”, dénonce-t-il.

L’UFC-Que Choisir observe même dans certains cas des hausses “substantielles”.

Ainsi, pour 80 minutes de voix et 30 SMS, un client de Bouygues Telecom payait en mars 2003 20,50 euros contre 25 euros en septembre 2007, soit une hausse de 22%. L’abonné de SFR déboursait quant à lui 19,50 euros contre 20,30 euros en juillet dernier (+4,10%) et celui d’Orange 26 euros contre 30,50 euros (+17,3%).

L’association dénonce aussi la complexité des offres proposées, où il est bien difficile de “trouver chaussure à son pied” et de dénicher la meilleure combinaison possible, souligne M. Bazot.

Sans compter la contrainte du forfait qui aboutit à un décalage entre le nombre de minutes achetées et le nombre de minutes utilisées au final.

“Le forfait, voilà l’ennemi pour le consommateur qui n’a d’autre choix que de s’adapter à l’offre”, poursuit le président de l’UFC, qui recommande le développement d’offres “au compteur” attractives.

Depuis la condamnation des opérateurs mobiles pour entente fin 2005, la situation n’a pas changé: “nous sommes dans un contexte de collusion implicite” qui rend “déterminante” l’entrée d’un quatrième, voire d’un cinquième acteur pour briser l'”oligopole” actuel. Les deux premiers opérateurs, Orange et SFR, détiennent à eux seuls près de 80% du marché.

Quant aux opérateurs mobiles virtuels (MVNO), ils n’ont pas réussi à bousculer l’ordre établi.

Des accusations réfutées en bloc chez Orange: “les usages se sont développés cinq fois plus vite que la facture”, assure un porte-parole.

Martin Bouygues, PDG de Bouygues Telecom, a même ironisé: “les prix ont plus baissé que ceux du camembert à période constante”. Dans la perspective d’une téléphonie mobile “très low cost”, “que fera-t-on des milliers de salariés que nous employons sur ce secteur?”, a-t-il mis en garde.

L’UFC-Que Choisir en appelle au gouvernement pour instaurer une “concurrence effective”. Ses exigences sont connues: tout d’abord, l’aménagement des conditions d’attribution de la quatrième licence mobile après le rejet du dossier de Free (Iliad).

A nouveau, l’association plaide pour l’interdiction des engagements de 24 mois. “Nous avons été déçus par la timidité” en la matière de la loi Chatel sur la consommation qui s’est contentée d’assouplir les modalités de résiliation, un dispositif qui a eu un “effet nul”, conclut M. Dourgnon.

 27/02/2008 18:26:07 – © 2008 AFP