Bernanke conforte l’idée d’une baisse de taux pour secourir l’économie américaine

 
 
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Le président de la banque centrale américaine (Fed) Ben Bernanke, le 27 février 2008 à Washington (Photo : Nicholas Kamm)

[27/02/2008 18:08:55] WASHINGTON (AFP) Le président de la banque centrale américaine (Fed) Ben Bernanke a conforté mercredi l’idée d’une baisse rapide des taux d’intérêt, pour soutenir une économie américaine ébranlée par la crise de l’immobilier et le resserrement du crédit.

“Les dernières informations que nous avons reçues depuis notre réunion de janvier continuent de suggérer que l’activité restera faible à court terme”, a assuré M. Bernanke lors d’un discours devant le Congrès.

La Fed avait abaissé d’un demi-point ses prévisions de croissance lors de cette réunion, pour les ramener dans une fourchette de 1,3% à 2% cette année.

“Des risques de détérioration des perspectives économiques demeurent”, a ajouté M. Bernanke, qui a répété que la banque centrale “agira en temps voulu, et si besoin est, pour contrer ces risques”.

Cette formule est généralement interprétée par les marchés comme une promesse de baisse du taux directeur, qui est aujourd’hui fixé à 3%, lors de la prochaine réunion de la Fed prévue le 18 mars.

“Nous prévoyons une nouvelle baisse d’un demi-point lors de cette réunion. La Fed pourrait ensuite abaisser son taux jusqu’à 2% d’ici le milieu de l’année”, affirme Stephen Gallagher de la Société Générale.

Dans son intervention, M. Bernanke a repris les grandes lignes d’un discours fait il y a deux semaines au Congrès, en y ajoutant les projections économiques publiées la semaine dernière.

Il a toutefois commencé à s’inquiéter des velléités d’accélération de l’inflation, “notamment si les prix de l’énergie et de l’alimentation ne faiblissent pas ou si les entreprises répercutent plus que prévu sur leurs clients la hausse des prix des matières premières ou la faiblesse du dollar”.

Une hausse des prix de l’énergie cette année au même rythme que l’an dernier est “assez improbable”, a-t-il reconnu. De plus, le ralentissement économique dans le monde pourrait aussi avoir pour effet de juguler l’inflation.

Mais les mises en garde contre l’inflation reviennent de plus en plus souvent dans la bouche des responsables monétaires. La Fed avait relevé fin janvier ses prévisions de hausse de prix dans une fourchette de 2,1% à 2,4% pour l’année en cours.

La conjonction d’une croissance faible et d’une menace inflationniste pose un sérieux dilemme à la banque centrale, car les deux dangers appellent en théorie des remèdes contradictoires: baisser les taux pour soutenir l’activité, et les relever pour enrayer l’inflation.

Pour le moment, la Fed a fait le choix de la croissance, comme en témoigne sa promesse d’une baisse des taux.

M. Bernanke a mentionné trois fois les “risques pesant sur la croissance”, dans son discours, note Brian Bethune du cabinet Global Insight, qui table sur une “récession douce” au premier semestre.

Sans utiliser, lui, le mot récession, le patron de la Fed a énuméré une série de risques pour la conjoncture américaine, qui comprennent “la possibilité que le marché de l’immobilier résidentiel ou le marché du travail se détériorent plus que prévu, ou que les conditions du crédit continuent de se resserrer fortement”.

La contraction du marché immobilier notamment devrait continuer de peser sur l’activité “dans les trimestres à venir”, tandis que les marchés “continuent de subir des tensions considérables”, a averti M. Bernanke.

Les ramifications de la crise de l’immobilier, longtemps contenues, commencent à se faire sentir dans le reste de l’économie, avec un ralentissement de la consommation et un investissement “sans doute faible” au premier semestre 2008 du côté des entreprises, selon lui.

Enfin M. Bernanke a estimé que la faiblesse du dollar avait un certain effet “inflationniste”, tout en soulignant que les investisseurs étrangers ne semblaient pour l’instant pas se détourner massivement du billet vert.

 27/02/2008 18:08:55 – © 2008 AFP