Claude Bébéar quitte Axa, géant des assurances, fondé il y a 40 ans

 
 
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Claude Bébéar, le 17 janvier 2008 à l’Elysée à Paris (Photo : Jean Ayissi)

[28/02/2008 16:14:33] PARIS (AFP) Après avoir bâti pendant 40 ans la compagnie Axa, aujourd’hui géant mondial de l’assurance, Claude Bébéar abandonne définitivement ses fonctions au sein du groupe, mais devrait néanmoins poursuivre sa réflexion sur l’évolution du capitalisme français.

Claude Bébéar a annoncé jeudi qu’il quitterait le 22 avril son fauteuil de président du conseil de surveillance d’Axa, une fonction non exécutive.

Il a rappelé qu’il avait par le passé défendu “le principe selon lequel le mandat des membres du conseil de surveillance ayant dépassé 70 ans ne devait pas être renouvelé”. M. Bébéar fêtera le 29 juillet ses 73 ans.

Après avoir cédé en 2000 son siège de président du directoire d’Axa à son poulain Henri de Castries, le fondateur de la compagnie, qui dispute à l’allemand Allianz la première place mondiale du secteur, va devenir président d’honneur d’Axa.

Considéré par ses pairs comme le “meilleur dans sa profession”, Claude Bébéar est un assureur atypique, né en 1935 à Issac en Dordogne dans une famille modeste d’instituteurs laïcs et socialistes.

Son nom aurait été “fabriqué” par des religieuses de Périgueux qui en recueillant un enfant abandonné, son arrière-grand-père, l’aurait déclaré à l’état-civil sous le patronyme de “bébé-areu” (onomatopées enfantines).

Claude rêve de devenir chirurgien. Mais son père a d’autres ambitions pour lui: il fera Polytechnique. Entré quatrième à la prestigieuse école, le jeune homme en ressortira 204e, ayant sacrifié ses heures d’études au rugby, une de ses passions.

En 1958, M. Bébéar rejoint les Anciennes Mutuelles, une petite compagnie d’assurance normande dirigée par André Sahut d’Izarn, monarchiste catholique qui lui apprend le métier.

Seize ans plus tard, en 1974, à la faveur d’une grève, il prend la place du directeur général, adoptant une politique révolutionnaire pour l’époque: horaires personnalisés, 32 jours de congés-payés, crédit-vacances et préretraite en douceur.

Parallèlement, il pose les premières pierres du futur empire, achetant la Mutuelle des prêtres Saint-Christophe et la Mutuelle parisienne de garantie, réunies sous l’enseigne de Mutuelles Unies.

En 1982, le “chasseur de fauves”, une autre de ses passions, mène bataille contre Bouygues pour faire tomber dans son escarcelle le groupe Drouot, une fois et demi plus gros que les Mutuelles Unies.

Le groupe s’appelle désormais Axa, un nom choisi par ordinateur qui doit commencer par la lettre A et prononçable dans toutes les langues.

Abandonnant une stratégie de diversification – il avait acquis le groupe de presse Cino del Duca et le fourreur Révillon -, Axa accélère l’allure, rachetant tour à tour la Providence et le Secours en 1986, la Compagnie du Midi et sa filiale Les Assurances du groupe de Paris (AGP), avant de ramasser en 1991 la société américaine d’assurance-vie Equitable, en difficulté.

Insatiable, Bébéar part à la conquête du monde, en Australie (National Mutual), en Grande-Bretagne (Guardian Royal Exchange) et au Japon (Nippon Dantai), mais aussi en Malaisie, en Belgique et au Canada.

Si le prédateur réprouve les animaux “qui tuent par plaisir à la manière des dépeceurs d’entreprises”, il frappe un grand coup en 1996, plantant ses griffes dans l’UAP, numéro français de l’assurance.

Considéré comme l’un des patrons les plus influents du CAC 40, il a fondé le Cercle Entreprises et Cité, aux côtés d’amis libéraux, et l’Institut Montaigne, un cercle de réflexion d’inspiration libérale.

Hostile au monde financier – analystes, agences de notation, hedge funds -, il a rêvé en 1999 d’un mariage à trois entre la BNP, Paribas et Société Générale.

Catholique pratiquant, père de trois enfants, dont deux adoptés, Claude Bébéar avait mouillé sa chemise pour la candidature de Paris aux JO de 2008.

 28/02/2008 16:14:33 – © 2008 AFP