Chine : des ingénieurs formés pour les entreprises françaises

 
 
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Des étudiants chinois écoutent le Secrétaire au Trésor américain Henry Paulson, le 21 septembre 2006 à Pékin.

[28/02/2008 08:17:29] PEKIN (AFP) Désireuses de fournir aux entreprises implantées en Chine des ingénieurs formés “à la française”, les grandes écoles multiplient leur offre de formations dans ce géant asiatique au marché en plein essor mais difficile d’accès.

A l’image d’autres universités européennes ou américaines, ces écoles s’efforcent de répondre aux besoins des entreprises de l’Hexagone installées dans la 4e puissance commerciale au monde.

L’Ecole des mines de Paris, membre de ParisTech qui réunit 10 écoles d’ingénieurs, dont Polytechnique et Ponts et Chaussées, a ainsi démarré cette semaine, à l’Université de Tsinghua, à Pékin, la partie chinoise de deux “mastères spécialisés” en management de l’environnement et de l’énergie, en partenariat avec une autre école d’ingénieurs, l’Insa de Lyon.

Les 19 étudiants inscrits dans ces deux formations dispensées en anglais – accessibles à bac +5, aboutissant à un diplôme de niveau bac +6 – ont d’abord passé quatre mois ensemble en France et s’apprêtent à étudier quatre autres mois dans la capitale chinoise, avant un stage de 6 mois.

L’Insa de Lyon a pour sa part créé, cette semaine aussi, une option de spécialisation de six mois pour ses étudiants en 5e année, dans les télécommunications.

Autre projet: le pôle ParisTech entend ouvrir en septembre 2008 une Ecole franco-chinoise d’ingénieurs à Shanghai, pour étudiants chinois qui bénéficieront d’une “pédagogie à la française”.

Une initiative qui s’inscrit dans la lignée de celle de l’Ecole Centrale, qui a créé, en septembre 2005 à Pékin, une formation totalement “off-shore”, en 6 ans, pour étudiants chinois.

“Si nous nous développons à l’international, c’est parce que de grands groupes économiques nous demandent de former des Chinois ou des Français qu’ils pourront ensuite embaucher”, a expliqué à la presse Benoît Legait, directeur de l’Ecole des mines, lors de l’inauguration des deux mastères.

Certaines entreprises françaises implantées en Chine acceptent même de prendre en charge le coût de la formation (28.000 EUR par étudiant, dans le cas des mastères spécialisés) d’un élève, qu’elles prendront en stage à l’issue du cursus.

“Elles préparent le terrain, parce que dans un pays comme la Chine, elles vont avoir un besoin de recrutement massif dans les années qui viennent”, constate Minh-Hà Pham-Delègue, déléguée Asie-pacifique pour ParisTech.

Le “plus” d’un Chinois passé par une Grande école ? “La rigueur, le niveau d’études et surtout le management”, assure Alain Storck, directeur de l’Insa de Lyon.

“Les étudiants formés dans les universités chinoises sont très forts au niveau technologique, mais il leur manque la prise de décision, la créativité”, qu’ils reçoivent en passant par le système français, renchérit une responsable DRH d’un grand groupe pétrolier, qui soutient financièrement les mastères.

Fan Jie, l’une des étudiantes, avoue avoir été attirée par la formation parce qu’elle “l’aidera à devenir manager dans une entreprise”.

Sans oublier l’ouverture sociale et culturelle: “pour un ingénieur français qui veut aller travailler en Chine, c’est très important de comprendre une culture si radicalement différente de la notre”, explique une étudiante, Laura Guillon, 23 ans.

Parmi les fossés culturels rencontrés, un de ses camarades, Zhang Xiaowen, 24 ans, cite le fait qu’en “Chine, on a du mal à dire non directement”. Après quatre mois passés en France, il “s’y est un peu habitué”, sourit-il.

 28/02/2008 08:17:29 – © 2008 AFP