L’allemand EON accepte la demande de l’UE de vendre son réseau électrique

 
 
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Logo d’EON (Photo : Pierre-Philippe Marcou)

[28/02/2008 16:00:10] BERLIN (AFP) EON a choisi son camp: le géant allemand de l’énergie pense vendre son réseau électrique, comme le souhaite Bruxelles, et prend à revers Berlin qui bataille justement contre tout démantèlement des fournisseurs de gaz et d’électricité.

Le patron d’EON Wulf Bernotat a indiqué qu’il menait des discussions pour se séparer de son réseau électrique dans un entretien avec la chancelière allemande Angela Merkel, a dit jeudi à l’AFP un porte-parole du gouvernement.

L’intention a été confirmée par la Commission européenne.

En s’engageant dans cette voie, EON prend à revers le gouvernement allemand, qui bataille depuis des mois contre la volonté de Bruxelles de séparer production et réseau de distribution d’électricité en Europe.

La Commission européenne espère ainsi améliorer la concurrence dans les secteurs du gaz et de l’électricité en Europe, souvent défaillante, en particulier en Allemagne.

Le marché allemand est dominé par un quatuor composé de EON, RWE, Vattenfall et EnBW, qui fait la pluie et le beau temps sur les prix, au grand dam des consommateurs allemands.

C’est pour défendre ce quatuor que Berlin, associé à sept autres pays de l’UE comme la France, a écrit fin janvier à la Commission en proposant une solution de rechange. Les ministres européens de l’Energie se réunissent jeudi pour discuter du problème.

La solution “alternative” défendue par Berlin prévoit que si un groupe contrôle à la fois production et transport d’énergie, alors ces deux activités devront être gérées au sein de filiales distinctes, avec des noms différents, leurs propres ressources financières et leur propre personnel.

Entre les bonnes grâces de Berlin et celles de la Commission, EON a donc choisi son camp, et devrait en être bientôt récompensé.

La Commission envisage en effet d’abandonner ses enquêtes contre le géant allemand pour atteinte à la concurrence, a-t-elle fait savoir jeudi.

Le numéro un européen du secteur est touché par une enquête sur un accord présumé avec le français GDF pour se partager des marchés gaziers. Les services européens de la concurrence ont également perquisitionné à plusieurs reprises en 2006 des locaux de filiales d’EON dans le secteur électrique.

En plus d’éviter de très lourdes amendes européennes, la cession de son réseau “rapporterait quelques milliards utiles au groupe pour des achats stratégiques”, a fait valoir jeudi Patrice Larradet, administrateur CFDT au conseil de surveillance de RTE, le réseau de transport du groupe français d’électricité EDF.

La révélation des intentions d’EON a en tout cas fait voler en éclats le front des géants allemands de l’énergie.

Le numéro deux RWE “repète depuis des semaines, des mois que le démantèlement des réseaux et de la production n’est pas la bonne voie pour plus de concurrence”, a dit une porte-parole du groupe.

“Nous soutenons les efforts du gouvernement allemand pour trouver une autre solution”, a-t-elle ajouté.

Même ton chez EnBW, filiale à 45% du français EDF, indique dans son édition internet le magazine Der Spiegel.

La volte-face d’EON fait en revanche les affaires de Vattenfall Europe, filiale allemande du groupe suédois Vattenfall.

“Nous examinons toutes les options”, a dit jeudi à l’AFP un porte-parole de Vattenfall europe, précisant: “D’autres structures (pour la production et les réseaux) sont possibles.”

“Aucune décision n’est prise”, a-t-il toutefois précisé.

 28/02/2008 16:00:10 – © 2008 AFP