La Hongrie rejoint le projet de gazoduc South Stream, encore un point pour Gazprom

 
 
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Poignée de mains du président russe Vladimir Poutine et du Premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany, au Kremlin, le 28 février 2008 (Photo : Sergey Ponomarev)

[28/02/2008 18:34:35] MOSCOU (AFP) La Hongrie a officiellement rejoint jeudi le projet de gazoduc South Stream, piloté par le géant russe Gazprom et l’italien ENI, qui a au passage marqué encore un point face au chantier européen concurrent Nabucco.

Un accord “intergouvernemental de coopération” a été signé au Kremlin par le ministre russe de l’Energie Viktor Khristenko et le ministre hongrois des Finances János Veres en présence du président Vladimir Poutine et du Premier ministre hongrois, Ferenc Gyurcsany.

Dirigé par Gazprom et le groupe pétrolier et gazier italien ENI, South Stream doit passer sous la mer Noire de la Russie vers la Bulgarie d’où deux trajectoires, l’une au nord-ouest vers l’Autriche et l’autre au sud-ouest vers la Grèce et l’Italie, sont à l’étude.

Il pourra livrer jusqu’à 30 milliards de mètres cubes par an aux marchés européens.

Depuis le début de l’année, deux autres pays, la Bulgarie et la Serbie ont déjà fait part de leur intention de participer à South Stream.

“Il y a toujours une alternative mais elle est pire que la coopération avec la Russie (…) On peut construire deux, trois, cinq gazoducs. La question, c’est quels produits ils peuvent transporter et où les prendre”, a déclaré M. Poutine dans une allusion à Nabucco.

“Vous avez été plus rapides que Nabucco”, a remarqué de son côté M. Gyurcsany, qui a été vivement critiqué dans son pays pour la discrétion avec laquelle il a mené les négociations avec Gazprom.

“Nous ne faisons la course avec personne, nous offrons notre potentiel et nos capacités. Il est très clair que le projet que nous proposons peut être mené à bien et a des approvisionnements garantis”, lui a répondu M. Poutine.

“Si quelqu’un veut creuser le sol et y poser un gazoduc, ils peuvent le faire, nous n’avons rien contre”, a-t-il ajouté en allusion au projet européen.

Nabucco a été conçu pour réduire la dépendance de l’UE vis-à-vis du gaz russe, en assurant à partir de 2013 l’acheminement du gaz de la Caspienne vers l’Europe en contournant la Russie.

Un responsable américain Matthew Bryza, secrétaire d’Etat adjoint chargé des affaires européennes et eurasiatiques, a critiqué la semaine dernière la soif de “grandeur monopolistique” de Gazprom et appelé le géant russe à “développer davantage (sa) propre production de gaz” au lieu d'”acquérir des infrastructures en Europe”.

Gazprom de son côté n’a de cesse de répéter que South Stream n’est dirigé ni contre Nabucco, ni contre l’Europe occidentale.

Il est au contraire censé améliorer, selon Moscou, son approvisionnement en permettant le contournement de pays de transit comme l’Ukraine et le Bélarus avec lesquels la Russie a fréquemment eu maille à partir ces deux dernières années.

C’est dans cette même logique que Gazprom a également entrepris de construire un autre gazoduc au nord, baptisé Nord Stream, au fond de la mer Baltique, reliant directement la Russie à l’Allemagne.

 28/02/2008 18:34:35 – © 2008 AFP