La Russie et l’Ukraine toujours à couteaux tirés sur la question gazière

 
 
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Le logo de Gazprom sur l’exploitation d’hydrocarbures de Yuzhno-Russkoye, en Russie, le 18 décembre 2007 (Photo : Natalia Kolesnikova)

[29/02/2008 19:36:44] MOSCOU (AFP) L’Ukraine est sommée une nouvelle fois de payer sa dette gazière avant lundi, faute de quoi le géant russe Gazprom réduira d’un quart ses livraisons de gaz, après un nouvel échec des négociations vendredi.

“Etant donné que la situation est demeurée au point mort, Gazprom, afin de garantir ses intérêts économiques, va réduire ses livraisons de gaz à l’Ukraine de 25% à partir du 3 mars à 10H00”, a menacé le groupe dans un communiqué, au terme de deux jours de négociations.

Le gaz consommé en 2007 n’a pas encore été totalement réglé, tandis que la facture continue de grimper pour 2008, et cela hors contrat, déclare le groupe, évaluant la dette à 600 millions de dollars. La partie ukrainienne avait de son côté annoncé cette semaine avoir réglé la partie de l’ardoise correspondant à 2006 et 2007.

Le géant gazier russe est pourtant “prêt” à continuer les négociations avec Naftogaz (la société gazière ukrainienne) ce week-end, a affirmé le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, cité par l’agence Itar-Tass.

Gazprom souligne que la Commission européenne et ses partenaires européens ont été “prévenus par avance de l’évolution de la situation”.

La société Naftogaz cité par l’agence Ria Novosti a assuré de son côté avoir réglé sa dette envers Gazprom pour 2007, en lui versant 760 millions de dollars.

Le premier vice-Premier ministre ukrainien Olexandre Tourtchinov cité par Ria Novosti a pour sa part accusé les sociétés intermédiaires russo-ukrainiennes UkrGazEnergo et RosUkrEnergo d’avoir bloqué cet argent.

“Le versement de l’argent par les intermédiaires est l’affaire de Gazprom”, a dit M. Tourtchinov.

Le premier coup de semonce de l’influent géant russe était intervenu à l’improviste le 7 février, et des négociations entre les deux gouvernements, Gazprom, l’entreprise publique Naftogaz et leurs intermédiaires avaient lieu par intermittence depuis.

L’Europe occidentale, dont une grande partie de l’approvisionnement en gaz transite par l’Ukraine, avait cru pouvoir pousser un “ouf” de soulagement le 12 février, lorsque que le président Poutine et son homologue ukrainien Viktor Iouchtchenko avaient annoncé un accord de principe à la fois sur la dette et sur une simplification de leur schéma de livraisons, actuellement très opaque.

Mais la dispute semble en réalité s’être aggravée côté ukrainien, où elle figure en bonne place dans les joutes qui opposent M. Iouchtchenko à son Premier ministre Ioulia Timochenko.

Moscou de son côté répète que sa posture musclée est dénuée de toute visée politique, alors que nombre d’anciens pays de l’URSS accusent la Russie d’utiliser le gaz comme instrument de sa politique étrangère, et que ses relations avec l’Ukraine sont singulièrement tendues depuis la Révolution Orange de fin 2004.

La Russie et l’Ukraine n’en sont pas à leur première crise gazière et Moscou ne fait pas mystère de sa volonté de contourner l’Ukraine à l’avenir grâce à ses deux projets de gazoducs Nord Stream et South Stream.

Ce dernier, destiné à approvisionner le sud de l’Europe en passant sous la mer Noire, a reçu ces dernières semaines le soutien de trois pays transitaires, la Serbie, la Bulgarie et tout récemment la Hongrie.

Mais le quotidien russe Kommersant souligne vendredi que l’Ukraine pourrait trouver là sa revanche en matière de diplomatie gazière en soulevant toutes sortes d’objections au passage du gazoduc dans ses eaux territoriales en mer Noire.

 29/02/2008 19:36:44 – © 2008 AFP