Euro fort : les PME exportatrices souffrent et cherchent la parade

 
 
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Terminal de conteneurs du Port autonome de Marseille à Fos-sur-mer (Photo : Gérard Julien)

[01/03/2008 13:10:32] PARIS (AFP) Face à un euro au plus haut, les PME françaises qui exportent souffrent et cherchent la parade en misant sur la qualité des produits, mais aussi de plus en plus sur les délocalisations.

“Depuis l’été, ça devient une catastrophe!”, se lamente Jean Sommereux, PDG d’Ego Paris, qui fabrique du mobilier extérieur haut de gamme et réalise 50% de son chiffre d’affaires à l’étranger.

Pour ce chef d’entreprise qui emploie 25 personnes à Belleville (Rhône), la flambée de l’euro est une menace qui fait fuir les clients potentiels.

“On vient de perdre deux affaires consécutives, aux Emirats arabes unis et en Arabie Saoudite: les clients aimaient nos produits mais on était 12% au-dessus de leurs budgets” à cause du “taux de change”, regrette M. Sommereux.

“Quand l’euro valait 1,35 dollar, on était encore compétitif, mais à 1,50, on ne l’est plus”, assure-t-il.

La devise européenne s’est hissée vendredi à un nouveau record de 1,5239 dollar pour un euro, après avoir franchi mardi la barre symbolique de 1,50 dollar pour la première fois depuis son lancement en 1999.

Etienne Bernard, PDG de LBernard SA, qui fabrique des moteurs électriques pour centrales, et réalise 70% de son chiffre d’affaires en Asie, aux Etats-Unis et dans les pays nordiques, affirme que son activité croît d’environ 12% par an. Mais elle est restée stable depuis trois ans en Amérique.

“Ceux qui ont des usines en zone dollar sont mieux placés que nous, aujourd’hui, dans tous les appels d’offre internationaux”, dit-il.

Pour Ginette Henaff, directrice export de la société qui vend des pâtés du même nom, l’ardoise semble un peu moins salée. Seul 10% du chiffre d’affaires de l’entreprise est réalisé à l’international, essentiellement en Amérique du Sud et en Asie.

Mais “par rapport aux produits libellés en dollars, on est extrêmement chers”, affirme-t-elle. “Si on ajoute aux prix des produits les taxes à l’export, on arrive à des sommes astronomiques”.

Conséquence: “on ne se développe plus dans ces régions”. Et “au lieu de vendre nos produits en supermarchés, on les vend dans des boutiques spécialisées, où les acheteurs ont un pouvoir d’achat plus important”.

Le patron d’une petite société américaine, installée à Paris, qui vend des applications internet, essentiellement aux Etats-Unis, voit ses revenus fondre chaque mois, “une fois rapatriés en euro”.

Pour rester dans la course, les petites sociétés françaises doivent donc se différencier. “Pour s’en sortir, notre seule carte, c’est de mettre en avant la qualité des produits français”, avance Ginette Henaff.

“Quand on gagne des appels d’offres, c’est grâce à nos atouts technologiques”, souligne Etienne Bernard.

Mais sa société a commencé il y a trois ans à “fabriquer dans des pays liés au dollar, pour équilibrer les fluctuations du marché”. “Pour le marché chinois, on fabrique essentiellement en Chine. Nous avons pris cette décision pour nous rapprocher de nos clients, mais si on ne l’avait pas fait, on ne serait plus compétitifs”, dit le PDG.

Pour Jean Sommereux, le niveau actuel de l’euro est “une incitation directe à la délocalisation”. Il a “pris des contacts pour aller fabriquer en Indonésie ou en Tunisie”. “J’espère ne pas avoir à licencier mais l’accroissement du chiffre d’affaires se fera forcément hors de France”, dit-il.

Le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, relativisait vendredi “le drame” de l’euro fort: “70% des exportations des PME se font dans des pays européens”. “Il permet aussi d’atténuer la facture énergétique et le coût des matières premières”, rappelait-il.

 01/03/2008 13:10:32 – © 2008 AFP