[02/03/2008 18:42:14] PARIS (AFP) L’affaire de l’ UIMM a déclenché une crise ouverte au sein du patronat: la présidente du Medef, Laurence Parisot, tente de mettre au pas la fédération de la métallurgie, et use de mots très durs, s’attirant une réplique cinglante de ses dirigeants, sous le regard agacé des syndicats. Interrompant ses vacances, après le nouveau rebondissement de l’affaire, Mme Parisot a dénoncé samedi un comportement “méprisant et méprisable” de l’Union des industries et métiers de la métallurgie. L’UIMM a confirmé jeudi que son ancien président, Denis Gautier-Sauvagnac, avait négocié une indemnité de départ de 1,5 million d’euros, ainsi que la prise en charge par l’organisation des conséquences fiscales de l’affaire des retraits suspects des caisses du patronat de la métallurgie. “Trop, c’est trop. Je ne décolère pas”, a lancé Mme Parisot, ajoutant que cela “salit, abîme l’image des entreprises, du Medef, mon image”. Elue en 2005 sans le soutien de l’UIMM, elle a demandé “solennellement à tous les membres de l’UIMM qui exercent des mandats nationaux dans des institutions au nom du Medef de remettre immédiatement leur mandat à la disposition du Medef”. Le président de l’Unedic, Michel de Virville , qui a négocié l’indemnité de départ de Denis Gautier-Sauvagnac, a déjà démissionné.
L’UIMM, la plus riche et la plus puissante fédération du Medef, n’a pas tardé à réagir, elle aussi avec virulence. Quelques heures après l’initiative de Mme Parisot, Denis Gautier-Sauvagnac s’est étonné de sa “véhémence” et l’a appelée, par la voix de son avocat, Me Jean-Yves Le Borgne, à “garder son sang-froid”. Le nouveau président de l’UIMM, Frédéric Saint-Geours a convoqué lundi “une réunion exceptionnelle du bureau pour prendre les décisions qui s’imposent”. Laurence Parisot, qui souhaitait le rencontrer lundi pour lui demander des “éclaircissements”, se voit priée d’attendre l’issue de cette réunion. Dans les deux camps, les armes sont sorties. “La violence des mots de Laurence Parisot est proportionnelle au désarroi dont nous font part, en région, nos PME et TPE”, affirme Stéphane Brousse, président du Medef des Bouches-du-Rhône. Laurence Parisot a eu beau prendre de nouveau ses distances avec la fédération de la métallurgie, “adhérente mais pas filiale” du Medef, M. Brousse redoute “la perte de tous les adhérents” du mouvement patronal. De son côté, Me Le Borgne a dénoncé une tentative d”‘OPA” sur ceux de l’UIMM, au sein de laquelle on juge la réaction de la patronne du Medef “insultante”.
Interrogée par l’AFP sur cette affaire, la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a jugé dimanche que “tout ce qui favorisera la transparence sera le bienvenu”. Elle a par ailleurs souhaité une nomination “rapide” à la tête de l’Unedic pour remplacer Michel de Virville. Plus qu’agacés, les syndicats regrettaient dimanche cette “crise à l’intérieur du patronat”, selon le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly, qui déplore “une déstabilisation” dans les organismes paritaires et les négociations. “Les turpitudes du patronat, il y en a marre, et je suis heureux de constater que Mme Parisot sait faire le ménage chez elle”, a déclaré Bernard Van Craeynest, président du syndicat CFE-CGC. Jean-François Roubaud, président de la CGPME, rival patronal du mouvement de Laurence Parisot, a dénoncé un “vrai problème” au Medef, ajoutant qu’à la CGPME “tout est transparent”. |
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