Ravitailleurs américains : un succès opportun pour EADS, mais inquiétudes syndicales

 
 
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Le logo d’EADS, à l’usine d’Augsburg en Allemagne (Photo : Clemens Bilan)

[02/03/2008 13:42:07] PARIS (AFP) Le méga-contrat des ravitailleurs militaires américains est une bonne nouvelle pour le groupe EADS, en pleine restructuration, mais l’implantation d’une chaîne d’assemblage aux Etats-Unis fait craindre aux syndicats pour l’emploi en France et en Europe.

EADS, maison mère d’Airbus, allié à l’américain Northrop Grumman, a remporté vendredi un contrat de 40 milliards de dollars pour fournir 179 avions ravitailleurs à l’US Air Force.

Cette victoire surprise face à l’américain Boeing, en pleine année électorale aux Etats-Unis, est une bonne nouvelle pour le groupe européen, engagé dans son plan de restructuration “Power8”.

Ce plan de réductions de coûts, qui prévoit 10.000 suppressions de postes et des cessions de sites en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne, avait été adopté en 2006 pour faire face aux conséquences financières des retards de livraison de l’avion géant A380.

Airbus a dû aussi supporter le retard du démarrage du programme de son futur long-courrier A350XWB et, plus récemment, des délais pour la livraison de son avion de transport militaire A400M.

Cette victoire pour le contrat des ravitailleurs américains tombe donc à point nommé, d’autant qu’elle ne représente que la première tranche d’un marché estimé à plus de 100 milliards de dollars sur 30 ans.

Elle cadre également avec la stratégie de Louis Gallois de rééquilibrer l’activité d’EADS en faveur de la défense, et d’installer une partie de sa production en zone dollar afin d’être moins pénalisé par la vigueur de l’euro.

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Louis Gallois, le 10 janvier 2008 à Donauwoerth (Photo : Michael latz)

EADS va en effet en profiter pour délocaliser à Mobile (Alabama) l’assemblage de l’A330 cargo, créant 300 emplois directs supplémentaires en plus des 1.000 générés par la production des ravitailleurs.

Cette implantation aux Etats-Unis constituait un argument indispensable auprès du Pentagone et de l’opinion américaine.

“Le (ravitailleur) KC-45 sera construit aux Etats-Unis, créant directement et indirectement des milliers d’emplois américains dans les décennies à venir et générant des milliards de dollars de développement économique à travers le pays”, a souligné Northrop Grumman.

Le PDG d’Airbus, Thomas Enders, s’est félicité de créer “le premier pôle de production d’avions gros-porteurs commerciaux aux Etats-Unis depuis ces quarante dernières années”.

Mais les syndicats n’ont pas tardé à s’inquiéter des conséquences sur l’emploi en Europe.

Pour la CFDT, cette “très bonne nouvelle commerciale pour Airbus (…) ne va pas être sans conséquence tant au niveau industriel que social, et notamment pour le site de Toulouse”.

Le délégué CGT d’Airbus, Xavier Petrachi, juge aussi que “l’emploi va en prendre un coup, même s’il n’est pas menacé à court terme”.

“Notre coeur de métier, la chaîne d’assemblage, part petit à petit par morceaux, vers les Etats-Unis et la Chine. Les salariés d’Airbus en Europe se demandent s’ils ne vont pas perdre leur coeur de métier”, s’inquiète-t-il.

Airbus doit aussi construire une chaîne d’assemblage d’A320 en Chine, et s’est engagé à attribuer à l’industrie locale 5% de la fabrication des structures de l’A350 XWB.

Louis Gallois, anticipant l’inquiétude des salariés, a assuré dès vendredi soir que le contrat des ravitailleurs américains allait “faire travailler des gens en Europe”. Des parties de l’avion continueront à être fabriquées dans les usines du vieux continent, a-t-il souligné.

Mais il a aussi prévenu que ce n’était qu’un début et que ce succès d’EADS “l’encourage à poursuivre sa stratégie aux Etats-Unis”.

 02/03/2008 13:42:07 – © 2008 AFP