Le bio profite de la spéculation sur les matières premières agricoles

 
 
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Des céréales en vrac dans une superette bio

[02/03/2008 16:39:16] NEW YORK (AFP) Plus chers, relégués à quelques rayons dans les supermarchés, ou cantonnés aux marchés du week-end et aux magasins spécialisés, les produits biologiques misent sur la flambée des produits alimentaires classiques pour devenir plus compétitifs.

Les prix des matières premières (blé, soja et maïs), utilisés dans la fabrication des aliments de base, ont plus que doublé par rapport à leur niveau il y a un an, entraînant une hausse de la facture du panier de la ménagère.

“C’est une opportunité unique pour l’industrie bio de devenir plus concurrentielle et de croître”, estime Barbara Haumann, porte-parole de l’Organic Trade Association (OTA), qui défend les intérêts du secteur.

Selon les calculs de l’OTA, l’écart traditionnel de prix entre produits “bios” et traditionnels pourrait se réduire considérablement car les premiers ne subissent pas directement la spéculation sur les marchés financiers.

“Ce sont deux marchés distincts”, tient à préciser Brad Taylor, du cabinet Clarkson Grain, spécialisé dans les céréales et graines biologiques.

Les produits conventionnels deviennent plus chers parce qu’il y a une forte demande des biocarburants fabriqués à partir des matières agricoles, alors que le coût des aliments bio est dû à la minceur de l’offre, explique-t-il.

Autre champ de bataille en perspective: les produits laitiers. Le litre de lait labellisé bio vaut en moyenne 3,99 dollars dans les magasins, environ un dollar de plus que le litre de lait traditionnel.

Mais avec l’envolée des prix des céréales, qui sont aussi utilisées dans l’alimentation animale, cette différence devrait diminuer.

Dominant l’industrie biologique, les fruits et légumes, qui sont entre 10 et 30% plus chers que ceux dits traditionnels, pourraient être un autre terrain d’affrontement entre les produits “sains” et les produits ordinaires.

Ainsi, “les consommateurs pourront s’arrêter au rayon bio, comparer et voir qu’en ajoutant seulement quelques cents, ils peuvent avoir un produit sain”, explique Renée Kelly, de l’Organic Vallet Famille of Fars, une coopérative d’agriculteurs bio, basés dans le Wisconsin (nord des Etats-Unis).

L’explosion de la demande de produits “verts” a également convaincu de grands groupes de la distribution à élargir leurs rayons bio ou à en ouvrir pour ceux, qui n’en avaient pas encore, tel le géant mondial de la distribution Wal-Mart, selon M. Taylor.

Cette visibilité va se matérialiser à terme par une réduction des coûts — notamment les frais de marketing et de distribution — pour les producteurs, qui pourront à leur tour la répercuter au consommateur, argumente-t-il. “Les prix des produits bio vont être plus raisonnables”.

Mais ce voeu risque de se heurter à une dure réalité: alléchés par la cherté des prix des produits alimentaires classiques, certains agriculteurs bio sont tentés de se reconvertir, indique Ami Dittmer, du département américain à l’Agriculture (USDA).

Cette reconversion pourrait porter un coup dur à une offre que les professionnels disent eux mêmes restreinte étant donné la durée du processus –trois ans au moins– nécessaire pour obtenir un produit labellisé bio.

Si la consommation des produits bio a certes augmenté de 10 à 15% en cinq ans dans le monde, ce qui est 10 fois plus que l’augmentation des produits traditionnels, les produits verts ne représentent toutefois que 2% de l’industrie alimentaire mondiale, selon le Nutrition Business Journal.

 02/03/2008 16:39:16 – © 2008 AFP