[04/03/2008 07:40:06] WASHINGTON (AFP) La présidente démocrate de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi a affirmé lundi que le Congrès “devait examiner” le contrat des avions ravitailleurs de l’armée de l’Air remporté par l’européen EADS, maison mère d’Airbus, allié à l’américain Northrop Grumman. “La décision de l’armée de l’Air d’accorder le contrat de la modernisation nécessaire de la flotte d’avions ravitailleurs à Northrop Grumman et Airbus soulève des questions graves que le Congrès doit examiner de façon approfondie”, a déclaré Mme Pelosi dans un communiqué. “Quelles sont les implications de sécurité nationale liées à l’utilisation d’un avion fourni par une société étrangère pour cette mission essentielle?” demande notamment Mme Pelosi. A la surprise générale, le Pentagone a choisi vendredi EADS et Northrop Grumman pour ravitailler en vol les avions de l’armée de l’Air, au détriment de son rival Boeing. Ce méga-contrat porte sur 179 appareils pour quelque 35 milliards de dollars. “Vu les ramifications de cette décision pour les Etats-Unis, l’armée de l’Air doit expliquer au Congrès comment elle correspond aux besoins à long terme de notre défense et des Américains”, assure Mme Pelosi. “A-t-on prêté suffisamment d’attention à l’impact de ce contrat sur les emplois en Amérique et sur notre sphère technologique?”, demande encore la plus haute responsable du Congrès. L’attribution du contrat des avions ravitailleurs à EADS, une véritable gifle pour l’avionneur américain Boeing, avait déjà provoqué la colère des sénateurs de l’Etat de Washington (nord-ouest) et du Kansas (centre), qui ont écrit lundi au secrétaire à la Défense Robert Gates pour lui demander que l’armée de l’Air justifie sa décision à Boeing d’ici à la fin de la semaine. La sénatrice démocrate de l’Etat de Washington Patty Murray s’est montrée particulièrement en colère, estimant que le contrat représente “un plan de relance européen financé par les contribuables américains”, alors qu’il faudrait selon elle “investir dans l’industrie aéronautique américaine et ses emplois à hauts salaires et hautes qualifications”. L’US Air Force avait attribué à l’origine, en 2003, un contrat de location-vente à Boeing pour ses ravitailleurs. Mais ce contrat avait finalement été annulé après la découverte d’irrégularités, qui ont valu la prison à deux responsables de l’avionneur américain, et poussé le secrétaire à l’Armée de l’air américaine de l’époque à la démission. John McCain, sénateur de l’Arizona et actuel candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine de novembre, avait à l’époque activement dénoncé la connivence entre le Pentagone et Boeing dans cette affaire. Le contrat avait ensuite été remis en jeu. Boeing présentait une version dérivée de l’avion-cargo B767-200, le KC-767. EADS offrait de son côté une version modifiée de son Airbus A330, le KC-30, dont il vante les capacités d’emport supérieures (226 passagers et 32 palettes, contre 190 et 19). Jouant sur la corde du patriotisme économique, le groupe européen a promis qu’il délocaliserait à Mobile (Alabama, sud) l’assemblage de l’A330 cargo, créant 300 emplois directs supplémentaires en plus des 1.000 générés par la production des ravitailleurs. |
||
|