Euro fort : l’inquiétude grandit parmi les gouvernements européens

 
 
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Le nouveau ministre des finances de Chypre, Charilos Stavrakis, au conseil de l’Eurogroupe le 3 mars 2008 à Bruxelles. (Photo : Dominique Faget)

[04/03/2008 07:36:44] BRUXELLES (AFP) Les ministres des Finances de la zone euro se sont dits préoccupés lundi par l’ampleur de la hausse de la monnaie unique face au dollar, tout en réfutant les critiques du patron du FMI, pour qui la BCE “surpuissante” est en partie responsable de cette situation.

“Nous sommes préoccupés par les mouvements des taux de change”, a déclaré le président de l’Eurogroupe, le forum qui regroupe ces ministres, Jean-Claude Juncker, ministre des Finances du Luxembourg, à l’issue d’une réunion à Bruxelles.

Fait un peu nouveau, il a tenu à pointer du doigt “dans les propos (récents) des autorités américaines, la phrase significative selon laquelle un dollar fort est dans l’intérêt des Etats-Unis”, reprenant des propos tenus un peu plus tôt par le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet.

Une manière d’inviter Washington à mettre en pratique ses promesses d’oeuvrer en faveur d’une appréciation du billet vert, alors que les Etats-Unis donnent le sentiment de s’accommoder de sa glissade, qui soutient ses exportations à un moment où la croissance américaine ralentit dangereusement.

La semaine dernière, le président George W. Bush a répété qu’il soutenait une politique du dollar fort, sans pour autant freiner la chute du billet vert, qui ne cesse de dégringoler. L’euro est passé au-dessus du seuil historique de 1,50 dollar, ce qui pèse sur les exportations européennes rendues mécaniquement plus chères.

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Evolution du cours de l’euro sur un an

La situation n’est “pas très encourageante”, a également dit le ministre slovène des Finances Andrej Bajuk, dont le pays, qui a adopté l’euro en 2007, assure la présidence tournante de l’UE.

Toutefois, ces déclarations convenues, récurrentes à chaque réunion, dissimulent mal des divergences entre pays de la zone euro sur l’attitude à adopter, certains prônant une action plus vigoureuse face à l’appréciation de la monnaie unique, d’autres y voyant des avantages, puisqu’elle permet notamment d’alléger la facture énergétique du continent, libellée en dollars.

“Lorsque nous avons créé l’Union économique et monétaire nous voulions une monnaie forte, eh bien nous l’avons à présent et nous ne devrions pas nous en plaindre”, a ainsi fait valoir le ministre néerlandais des Finances, Wouter Bos.

Ce manque de cohésion empêche la zone euro d’adopter une attitude plus ferme face à des Etats-Unis qui ne sont nullement pressés d’agir face à la baisse du dollar. Ils l’ont clairement fait savoir lors de la dernière réunion des ministres des Finances du G7 au Japon en février.

En zone euro, certains pays, dont la France, reprochent souvent à la Banque centrale européenne (BCE) d’alimenter la vigueur de l’euro par une politique trop focalisée sur la lutte contre l’inflation, qui la conduirait à maintenir des taux d’intérêt excessivement élevés.

Ils ont reçu lundi le soutien du directeur général du Fonds monétaire international (FMI), le socialiste français Dominique Strauss-Kahn.

Ce dernier a estimé que le “problème” de l’euro, qu’il juge “surévalué”, est que la BCE est “surpuissante” et “n’a pas de contrepoids politique en la personne d’un vrai ministre européen des Finances qui serait en charge de la croissance”, dans une interview au quotidien français Le Monde.

Le commissaire européen aux affaires économiques Joaquin Almunia et M. Juncker ont réfuté ces critiques. “Nous ne partageons pas l’analyse” de M. Strauss-Kahn, a dit ce dernier, faisant valoir que l’action de la BCE “reflète exactement le traité” de Maastricht, qui lui donne pour mission principale de lutter contre l’inflation.

 04/03/2008 07:36:44 – © 2008 AFP