[04/03/2008 15:07:59] VIENNE (AFP) L’option d’un maintien de l’offre pétrolière de l’Opep gagnait du terrain mardi, à la veille d’une réunion à Vienne du cartel qui pourrait organiser rapidement une nouvelle rencontre dans un contexte de flambée des prix du brut et de ralentissement économique. “Il n’y a pas grand-chose à attendre de la réunion de demain”, a déclaré le ministre équatorien du Pétrole Galo Chiriboga mardi, son homologue libyen ayant tenu des propos similaires peu après à leur arrivée à Vienne pour la réunion de mars de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le prix du baril de brut a frôlé 104 dollars lundi, un niveau record absolu jamais atteint même pendant le deuxième choc pétrolier, si l’on tient compte de l’inflation. L’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui représente les intérêts énergétiques des pays industrialisés, estime que le prix record par baril atteint au début des années 1980, ajusté de l’inflation, équivaut à 102,53 dollars d’aujourd’hui en moyenne mensuelle. Les pays consommateurs de brut ne cessent de demander à l’Opep d’augmenter sa production, à l’instar du président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker qui a jugé lundi que “les cours du pétrole sont à un niveau élevé”, demandant au cartel d’agir pour les faire retomber.
Mais ces appels devraient rester vains. Une hausse de production a été exclue lundi à Vienne par le président de l’Opep, l’Algérien Chakib Khelil, et par les ministres koweïtien et vénézuélien du Pétrole. Chakib Khelil, également ministre algérien du pétrole , a cependant affirmé, qu’en tant qu’Algérien, il serait favorable à une baisse de la production mercredi car il prévoit une baisse de la demande. Le Saoudien Ali al-Nouaïmi, chef de file du cartel, ne s’est pas exprimé publiquement depuis son arrivée dans la capitale autrichienne mais avait souligné son opposition à une hausse dans la revue Pétrostratégies. Selon lui, les appels à une hausse de la production n’ont “aucun sens au regard des données qui sont dorénavant largement transparentes et qui nous amènent à conclure que rien ne justifie une telle hausse”. En outre, les stocks pétroliers sont en hausse depuis sept semaines aux Etats-Unis, ce qui enlève un peu de pression au cartel pour pomper plus. L’Opep craint en revanche une baisse de la demande au deuxième trimestre avec la fin de l’hiver et l’impact négatif potentiel du ralentissement économique américain. Certains pays, en tête desquels l’Iran et le Venezuela, réclamaient jusqu’à peu une baisse de production lors de la réunion mercredi. Mais vu l’envolée des prix, cela semble difficile à envisager politiquement.
“Une baisse de production serait très surprenante” et ne serait “pas bienvenue”, a estimé Lawrence Eagles, chef analyste de l’AIE. “Je n’ose même pas penser à l’annonce d’une diminution” de la production, s’est également alarmé le commissaire européen à l’Energie Andris Piebalgs, laissant planer le spectre d’un baril de brut à 200 dollars d’ici trois ans. L’Opep affirme, elle, que l’envolée des prix est liée aux tensions géopolitiques et aux investisseurs utilisant le pétrole pour se protéger de la chute du dollar. Elle a aussi peu intérêt à baisser son offre alors que les prix records dopent les revenus pétroliers de ses pays membres. “Le cartel pense que le marché est bien approvisionné, ce qui devrait l’amener à maintenir son offre à l’identique”, selon les analystes de Barclays Capital. Face aux incertitudes qui pèsent sur la demande pétrolière et sur les stocks, le cartel pourrait choisir de se réunir à nouveau d’ici début mai. “Ce ne serait pas une mauvaise idée”, a admis M. Khelil, tout comme son homologue libyen Choukri Ghanem. Le cartel pourrait également diminuer silencieusement son offre, fixée officiellement à 29,67 millions de barils par jour (mbj) et qu’il dépasse pour le moment de 110.000 barils par jour. |
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