Crise immobilière américaine : Bernanke appelle les banques à une “réponse vigoureuse”

 
 
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Le président de la banque centrale américaine Ben Bernanke, le 28 février 2008 à Washington (Photo : Chip Somodevilla)

[04/03/2008 14:53:28] WASHINGTON (AFP) Le président de la banque centrale américaine Ben Bernanke a appelé mardi les banques à une “réponse vigoureuse” pour infléchir les saisies immobilières, en les incitant par exemple à réduire le capital dû par les ménages étranglés par leurs emprunts “subprime”.

“Réduire les procédures de saisies qui peuvent être évitées permettrait de promouvoir la stabilité pour les ménages, les quartiers, et l’ensemble du pays. Même si les prêteurs ont intensifié leurs efforts (…), on peut, et il faut en faire plus”, a estimé M. Bernanke.

La situation “appelle une réponse vigoureuse”, qui aiderait non seulement les ménages concernés mais “en fait, l’ensemble de l’économie”, a-t-il ajouté dans un discours à Orlando (Floride).

Il a jugé “probable” que les défauts de paiement et les saisies immobilières continuent d’augmenter “pendant un certain temps”, notamment du fait de la hausse des taux des emprunts immobiliers à risque (subprime) et de la baisse prévisible des prix de l’immobilier.

Selon lui, quelque 1,5 million d’emprunts, soit 40% de l’ensemble des prêts immobiliers à risque (subprime) consentis à taux variable, vont être ajustés à la hausse cette année, et que cela se traduira par une augmentation de plus 10% des traites mensuelles pour les ménages.

Ces propos interviennent alors que le secrétaire au Trésor Henry Paulson s’est dit hostile la semaine dernière à un plan de sauvetage des emprunteurs en difficulté dans l’immobilier, jugeant que cela servirait surtout à sauver les spéculateurs ou les banques.

Il avait rappelé les efforts déjà entrepris par le gouvernement, que ce soit le vaste plan de relance ou l’initiative associant prêteurs et conseillers pour permettre d’allonger les délais avant saisie.

La crise de l’immobilier est la menace numéro un pesant sur l’économie américaine, et les experts redoutent qu’elle ne débouche sur une récession.

M. Bernanke a pour sa part appelé les banques et les prêteurs à explorer toutes les pistes possibles pour que les emprunteurs acculés au défaut de paiement puissent rester dans leur logement, en soulignant que les banques avaient aussi intérêt à trouver un compromis pour ne pas perdre trop d’argent.

“L’ampleur et les incertitudes entourant les pertes prévisibles lors d’une saisie laissent penser qu’il y a une marge de manoeuvre considérable pour négocier un accord” bénéficiant aux deux parties, selon lui.

Il a notamment évoqué la piste d’une renégociation des emprunts en cours, soit par une baisse des taux et un allongement des emprunts, soit par une réduction du capital dû.

“Jusqu’à présent, les modifications des prêts ont généralement porté sur une réduction des taux d’intérêt, tandis que les réductions du capital dû ont été rares”, a-t-il noté. Mais la crise actuelle diffère des précédentes en ce que les emprunteurs à risque ont souvent acheté sans le moindre apport.

Dans ce contexte, une réduction du principal “pourrait être un moyen relativement plus efficace d’éviter des défauts de paiements et des saisies”, a-t-il ajouté.

M. Bernanke a reconnu que les banques étaient souvent réticentes à de telles mesures, mais il a souligné que dans les cas d’extrêmes difficultés de l’emprunteur “une réduction du principal pourrait augmenter le remboursement prévu en réduisant le risque de défaut de paiement ou de saisie”.

Il a aussi appelé à une modernisation de l’administration fédérale du logement, pour lui donner plus de flexibilité pour aider les ménages endettés.

 04/03/2008 14:53:28 – © 2008 AFP