Entreprise : la STIP bientôt privatisée?

Entreprise : la STIP bientôt privatisée?

La récente privatisation
de la Banque Tuniso-Koweitienne (BTK) a eu un effet important passé
quasiment inaperçu : un changement notable de la structure du capital de la
Société Tunisienne des Industries Pneumatiques (STIP), dû au fait que 443
431 actions (11,59% du capital) ont changé de main à la faveur de la
privatisation de la BTK. Jusqu’alors contrôlé par l’Etat tunisien via la BTK
dont il détenait 50% du capital, ce paquet d’action est désormais entre les
mains du Groupe Caisse d’Epargne, repreneur et nouveau actionnaire
majoritaire de la banque. En conséquence, la STIP fait un pas important vers
une éventuelle privatisation…par défaut.

 

En effet, l’Etat tunisien
ne contrôle plus que 35,06% du capital de la STIP,dont 19,71% du capital de
la société, via l’Office du Commerce de Tunisie (8,94%), la STB (7,31%,
depuis qu’elle a absorbé la BDET), et la STIA (3,46%), et 15,35%, via la
STUSID BANK dont le capital est contrôlé à parité égale par les
gouvernements tunisien et saoudien. La part de l’Etat tunisien dans le
capital de la STIP baissera davantage le jour où le processus de
privatisation de la STIA –détentrice de 3,46% du capital de cette société-,
aura abouti.

 

La Banque Islamique de
Développement, autre actionnaire public, détient 14,17%) du capital.

 

L’actionnaire privé le
plus important reste l’italien PIRELLI (15,83%), suivi de la BTK (11,59%),
et d’Afrique Autos (3,51%).

 

Les pouvoirs publics
ont-ils sciemment choisi de laisser privatiser la STIP «par défaut » ? En
tout cas, le chantier de la privatisation en bonne et due forme de la
société est au point mort. Après l’échec d’une première tentative en 2001
(ouverture du capital social de la STIP au public à concurrence de 10% et
l’introduction de son action en bourse par offre publique de vente), le
processus a semblé sur le point d’être relancé au cours des deux dernières
années.

 

De fait, un avis de
marché de services relatif à une mission d’assistance à la privatisation de
la Société Tunisienne des Industries Pneumatiques (STIP) –avec un
financement de l’Union européenne- a été lancé en décembre 2005. Un an plus
tard, il a été officiellement annoncé qu’il allait être procédé à la cession
des participations publiques (51,59 % du capital) au cours 2007. Or, l’année
s’est écoulée sans que l’opération se fasse. Un faux bond dont la société,
en piètre état, n’a nullement besoin. Ce que ses deux commissaires aux
comptes n’ont pas manqué de constater et de souligner dans leur dernier
rapport. En effet, Mohamed Zineelabidine Chérif (AMC Ernst & Young) et
Mohamed Néjib Hergli (Financial Auditing & Consulting) ont noté dans leur
rapport, daté du 8 octobre 2007, que «bien que la société a établi un plan
de restructuration (prévoyant notamment une intervention des bailleurs de
fonds pour restructurer et rééchelonner une partie de l’endettement,
abandonner les intérêts de retard et convertir en capital une partie des
emprunts ainsi qu’une intervention des pouvoirs publics auprès des banques
agrées par la BID dans le but de cautionner le crédit de la BID,
rééchelonner la dette de la CNSS, restituer le crédit de la TVA et les
droits de douane et accorder la prime de mise à niveau) qui a été soumis à
l’autorité de tutelle pour interventions nécessaires et malgré la tenue d’un
conseil interministériel pour examiner le dossier de la restructuration de
la STIP, aucune mesure concrète n’a été prise, jusqu’à la date du présent
rapport, pour assainir la situation financière de la société».

 

Plus, les deux experts
avertissent que «faute de renégociation des conditions de remboursement de
l’ensemble des engagements envers les banques, de la réalisation d’une
augmentation du capital et de l’obtention de la prime de la mise à niveau,
des doutes importants pèsent sur la continuité de l’exploitation».


M.M.