Gazprom rétablit son flux de gaz vers l’Ukraine, les négociations continuent

 
 
[05/03/2008 17:16:52] MOSCOU (AFP)

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Un pipeline en Ukraine, le 5 mars 2008. (Photo : Alexander Khudoteply)

Le géant russe Gazprom et l’Ukraine sont tombés d’accord mercredi pour rétablir les livraisons de gaz à Kiev, faisant retomber la forte tension des derniers jours, tout en reconnaissant que leur contentieux appelait de nouvelles négociations.

“Les limitations aux livraisons de gaz pour les consommateurs ukrainiens ont été levées”, indiquent Gazprom et le groupe ukrainien Naftogaz dans un communiqué conjoint publié à Moscou et à Kiev.

Cet accord est intervenu après un échange téléphonique entre les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Viktor Iouchtchenko. Dans la foulée, les patrons de Gazprom Alexeï Miller et de Naftogaz Oleg Doubina ont trouvé une porte de sortie à la crise, mettant un terme aux menaces et aux accusations qui fusaient d’une capitale à l’autre depuis lundi.

Gazprom avait réduit de moitié ses livraisons de gaz à l’Ukraine en deux étapes lundi et mardi et menacé d’aller plus loin encore si les pourparlers ne reprenaient pas.

Ce nouvel épisode de “guerre du gaz” entre les deux voisins avait provoqué des sueurs froides en Europe, où les coupures intervenues lors de la première crise russo-ukrainienne de janvier 2006 ont laissé de mauvais souvenirs. Un quart du gaz consommé par l’Union européenne provient de Russie et transite à 80% via l’Ukraine.

La Commission européenne avait annoncé la convocation pour mardi prochain d’une réunion spéciale de son groupe de coordination sur le gaz pour discuter de la crise.

Le communiqué conjoint réaffirme d’ailleurs que “le transit de gaz russe pour les consommateurs européens via le territoire ukrainien se fait à plein régime”.

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Le Premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko, lors d’une conférence de presse à Kiev, le 5 mars 2008. (Photo : Sergei Supinsky)

Le groupe russe avait auparavant accusé Kiev de vouloir prélever une partie du gaz destiné à ses clients européens (60 millions de mètres cubes par jour sur un total d’environ 350 millions), ce qu’a immédiatement démenti le Premier ministre ukrainien Ioulia Timochenko.

Mais l’accord conclu entre Gazprom et Naftogaz semble laisser entier le problème du schéma de livraisons de gaz à l’Ukraine. Les deux groupes ont prudemment indiqué que “les négociations sur les autres questions de coopération gazière se poursuivront”.

Un premier accord de principe conclu le 12 février à Moscou entre les présidents Poutine et Iouchtchenko, qui prévoyait le paiement de la dette et une simplification des schémas de livraisons, est resté jusqu’ici lettre morte.

La crise a été aggravée par les relations de plus en plus aigres entre M. Iouchtchenko et Mme Timochenko ces dernières semaines. Le président avait houspillé mardi soir son Premier ministre, se déclarant “obligé” d’attirer “une fois de plus” son attention sur les actions “insuffisantes et inadéquates” du gouvernement ukrainien pour la résolution de la crise gazière.

Selon les spécialistes, l’enjeu de la crise n’est pas tant la dette de l’Ukraine -Gazprom lui réclamait ces derniers jours 600 millions de dollars- que le contrôle du marché du gaz ukrainien à l’avenir, une fois modifiés les schémas de livraisons.

Mme Timochenko a réaffirmé mercredi qu’elle entendait toujours obtenir la suppression des intermédiaires controversés entre Gazprom et Naftogaz.

Les négociations vont reprendre la semaine prochaine à Moscou, selon Naftogaz.

 05/03/2008 17:16:52 – © 2008 AFP