[05/03/2008 14:31:02] HANOVRE (AFP) Alors que les géants high-tech multiplient les annonces sur l’environnement, l’organisation écologiste Greenpeace a estimé mercredi qu’il y avait encore “un long chemin à faire” et mis en garde contre toute récupération “marketing” des thèmes écologiques. Greenpeace a dévoilé une enquête sur les appareils électroniques les plus “écolos” à l’occasion du salon technologique Cebit de Hanovre (nord), placé justement cette année sous le signe de l’informatique verte. Sur les 37 produits évalués (ordinateurs de bureau et portables, téléphones mobiles et agendas électroniques), seuls trois obtiennent un tout petit peu plus que la moyenne, révèle l’organisation. Il s’agit du portable Sony Vaio TZ11, du mobile Sony Ericsson T650i et du PDA P1i du même constructeur. Parmi les critères de notation, ont été retenus l’utilisation de substances chimiques dangereuses, l’efficacité énergétique ou encore la capacité de recyclage. “Nous sommes encore loin de voir un produit vraiment vert” dans les rayons, a constaté Yannick Vicaire, responsable de la campagne sur les toxiques chez Greenpeace, lors d’une conférence de presse. Certains groupes, comme Acer ou Apple, ne se sont même pas prêtés au jeu, regrette-t-il. Même refus de la part des fabricants de consoles Nintendo et Microsoft, qui avaient fini très mal classés lors de la dernière édition du “guide pour une high-tech responsable”, publié par Greenpeace depuis août 2006.
“C’est un signe négatif, pourquoi ces sociétés n’ont-elles pas osé relever le défi?”, s’interroge Zeina Al-Hajj, autre responsable de Greenpeace. Pourtant, dans les allées du Cebit, qui abrite un “village informatique vert”, les exposants n’ont cesse de vanter les performances énergétiques de leurs produits. Le patron de Microsoft Steve Ballmer est venu présenter un logiciel permettant aux particuliers de réguler leur consommation électrique, le fabricant d’ordinateurs Fujitsu-Siemens présente un appareil ne consommant rien à l’état de veille et offre à ses clients des “bons” auprès d’un fournisseur d’électricité à base d’énergies renouvelables, IBM met en avant son prototype de serveur informatique recyclant la chaleur… Mais dans le même temps, les industriels conçoivent des machines toujours plus puissantes et gourmandes, par exemple celles destinées aux adeptes de jeux vidéo, qui veulent toujours plus de qualité graphique, sonore et de rapidité. Et auxquels le Cebit consacre une halle entière. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel épinglait récemment l'”ordinateur à 1.000 watts” du fabricant Intel, équipé de processeurs surpuissants et de plusieurs cartes graphiques (technologie Skull Trail) pour ravir les joueurs. Mais qui peut consommer à plein régime entre 1.000 et 1.500 watts, soit cinq fois plus qu’un PC de base, selon les spécialistes. Au total, le secteur dégage presque autant d’émissions de CO2 que le transport aérien. “L’informatique verte est devenue le buzz (la dernière tendace, ndlr): il y a certes un effort réel des constructeurs, mais aussi une volonté de détournement un peu marketing”, dénonce M. Vicaire. Car l’écolo peut rapporter gros: selon un sondage en Allemagne commandé par Fujitsu-Siemens, les consommateurs sont prêts à dépenser 23% de plus en moyenne pour un ordinateur estampillé “vert”. Le tableau n’est pas complètement noir pour autant, nuance Greenpeace: les entreprises, estime l’organisation, “prennent de plus en plus au sérieux les impacts sur l’environnement de leurs produits”. Et surtout “l’augmentation de leur facture d’électricité”, fait valoir Siegfried Behrendt, chercheur de l’institut de recherche berlinois IZT. |
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