[06/03/2008 07:28:10] WASHINGTON (AFP)
Pour apaiser le Congrès et les syndicats américains, furieux de voir les ravitailleurs échapper à Boeing, Northop Grumman a pris le risque d’enflammer l’opinion européenne en chiffrant pour la première fois les délocalisations promises par son partenaire EADS. “L’assemblage et la militarisation du ravitailleur KC-45A aura lieu à Mobile (Alabama, sud), ce qui donnera lieu à la création d’approximativement 2.000 emplois directs aux Etats-Unis”, a indiqué Northrop dans un communiqué. L’industriel modifiait ainsi un précédent communiqué où il indiquait que le contrat donnerait lieu à “l’internalisation d’approximativement 2.000 emplois d’Europe vers les Etats-Unis”. Le groupe européen avait immédiatement démenti, affirmant à l’AFP, à Paris, que le contrat des ravitailleurs n’entraînerait “pas de délocalisation d’emplois”.
Un porte-parole de Northrop Grumman était ensuite revenu sur les termes du communiqué de sa firme, estimant qu’il n’était “pas clair”. “Il s’agit de transférer les capacités” au sens large, avait-il ajouté. Pour remporter l’appel d’offres, le consortium américano-européen avait promis de transférer à Mobile la chaîne d’assemblage de son A330 cargo, dont son ravitailleur est un dérivé. “Le choix du KC-30 par l’armée de l’Air américaine fournira non seulement l’avion ravitailleur militaire le plus efficace, mais permettra également la création de la plus vaste chaîne d’assemblage d’avions commerciaux aux Etats-Unis depuis 40 ans, et la première du genre pour Airbus aux Etats-Unis”, avait annoncé mi-janvier le président de l’avionneur toulousain, Thomas Enders, lors d’une cérémonie à Mobile. EADS n’avait pas précisé si la totalité de la production de l’A330 cargo, qui a fait l’objet de 66 commandes sur les 12 derniers mois, serait transférée outre-Atlantique. Il avait simplement indiqué que quatre appareils, avions ravitailleurs compris, pourraient sortir des chaînes de Mobile chaque mois, à partir de “fin 2008”, et que 300 emplois directs supplémentaires seraient créés.
Dans son communiqué, mercredi, Northrop Grumman cherchait avant tout à répondre aux critiques du Congrès et des syndicats américains contre la décision du Pentagone jugée néfaste à l’emploi. Des membres du Congrès américain ont accusé mercredi l’armée de l’Air de faire perdre emplois et avance technologique aux Etats-Unis en attribuant le contrat du renouvellement de ses ravitailleurs à EADS. Cette méga-commande, l’une des plus importantes jamais attribuées par le Pentagone, porte sur 179 appareils pour quelque 35 milliards de dollars. En l’attribuant à EADS, maison-mère d’Airbus, allié à l’américain Northrop Grumman, “nous abandonnons le joyau de la couronne de la technologie américaine aux Européens”, a affirmé mercredi Norman Dicks, représentant démocrate de l’Etat de Washington (nord-ouest), où sont situées les chaînes d’assemblage de Boeing. Cette décision “va voler des emplois au peuple américain”, tandis que “les principales pièces de cet avion vont être fabriquées en Europe (…) par un groupe subventionné”, a-t-il poursuivi, lors de l’audition de la responsable des acquisitions de l’armée de l’air, Sue Payton, devant une commission de la Chambre des représentants. Mme Payton a répété devant la commission parlementaire que l’appel d’offres avait été mené dans la “transparence” et l'”intégrité” et rappelé que “les créations d’emplois ainsi que le lieu de l’assemblage et de la production ne faisaient pas partie des critères d’évaluation, conformément à la loi”. |
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