La BCE réaffirme l’absolue priorité de la lutte contre l’inflation

 
 
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Jean-Claude Trichet, président de la Banque Centrale Européenne à Froncfort, le 6 mars 2008. (Photo : Thomas Lohnes)

[06/03/2008 17:12:56] FRANCFORT (AFP) La lutte contre l’inflation reste l’absolue priorité, a clamé jeudi le président de la Banque centrale européenne, douchant les attentes d’une baisse de taux prochaine au risque de nourrir la grimpée de l’euro et l’exaspération de nombreux industriels.

Certes la crise financière fait planer une incertitude “inhabituellement élevée” sur l’économie de la zone euro, a déclaré Jean-Claude Trichet lors d’une conférence de presse.

Mais si la croissance semble ralentir, elle se poursuit. Et fondamentalement, la conjoncture reste saine chez les Quinze.

L’inflation demeure en revanche plus que jamais l’ennemi numéro un. Nourris par le pétrole cher et la flambée des prix des denrées alimentaires, les prix à la consommation ont atteint un pic de 3,2% en février. Et les hausses conséquentes de salaires revendiquées par les syndicats européens alimentent le danger que ces tensions, jugées provisoires, se muent en un phénomène durable, selon lui.

Dans ce contexte, le maintien de la stabilité des prix reste “la plus grande priorité” pour la BCE, conformément à son mandat. Les 320 millions d’habitants de la zone euro nous le “disent clairement : soyez fidèle à votre mandat”, a-t-il assuré.

Après avoir assoupli son message il y a un mois en insistant sur les dangers pour l’économie, le Français a donc quelque peu resserré la vis, en choisissant cette fois de mettre l’emphase sur les menaces inflationnistes, quitte à déboussoler un peu les marchés.

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Une chaîne industrielle dans une usine de production laitière à Freiburg, en Allemagne, le 14 août 2007. (Photo : Michael Latz)

Les prévisions réactualisées de l’institut, publiées aussi jeudi, en disent long sur les craintes des gardiens de l’euro. Les prix à la consommation devraient augmenter de 2,9% cette année, puis de 2,1% en 2009, donc dépasser pendant deux ans la limite autorisée d’un peu moins de 2%. C’est largement plus qu’estimé par les économistes. Il y a trois mois, la BCE pensait encore que l’inflation rentrerait dans le rang l’an prochain.

De quoi donner des ailes à l’euro, qui a battu dans l’après-midi à Londres un nouveau record face au dollar à 1,5373 dollar.

Et de quoi s’attirer les foudres de certains milieux politiques et industriels, en France particulièrement. Jeudi, la Confédération européenne des syndicats l’avait exhorté à réagir face à la hausse “alarmante” de l’euro, qui menace selon elle des emplois, en baissant ses taux d’intérêt.

Le Fonds monétaire international, jugeant que l’euro avait atteint le “versant fort” de sa valeur, lui a de son côté conseillé de “se tenir prête à répondre avec flexibilité” en cas d’impact sur la croissance.

Une remarque qui intervient quelque jour après la déclaration de son président le Français Dominique Stauss-Kahn qui avait attribué la montée de l’euro à une BCE “surpuissante”.

Au sujet de l’euro, M. Trichet s’est borné à saluer de nouveau l’engagement des Etats-Unis en faveur d’un dollar fort et réaffirmer qu’une “volatilité excessive” était “indésirable pour la croissance”.

“Il est évident que la BCE veut repousser l’échéance de la première baisse de taux pour compenser l’inflation importée des matières premières par le biais d’une appréciation de taux de change”, estime Sylvain Broyer, analyste chez Natixis. La force de l’euro réduit en effet la facture des produits importés libellés en billet vert, comme le pétrole.

La BCE cherche donc à attendre le plus longtemps possible. Mais le pari est risqué, souligne M. Broyer, car les effets apaisants de l’euro fort sur l’inflation ne “compensent pas les pertes qu’il entraîne aux niveaux des exportations”. Il continue à miser sur un premier assouplissement des conditions du crédit en juin.

Pour Holger Sandte, analyste à la WestLB, la BCE ne baissera pas ses taux, à moins que la croissance ne chute brutalement.

 06/03/2008 17:12:56 – © 2008 AFP