USA : des dizaines de petites banques américaines menacées de faillite

 
 
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Le président de la Fed, Ben Bernanke, le 27 février 2008 à Washington (Photo : Nicholas Kamm)

[06/03/2008 14:43:09] WASHINGTON (AFP) Bien que s’étant tenues largement éloignées des prêts immobiliers à risque, plusieurs dizaines de petites banques américaines pourraient être mises en faillite dans les mois à venir par les effets à retardement de la crise du “subprime”.

A l’occasion de son discours de politique monétaire devant le Congrès, la semaine dernière, le président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke, a estimé que la crise financière allait “probablement” entraîner des défaillances parmi les petites banques.

Interrogé par l’AFP, Jaret Seiberg, analyste chez Stanford Group, estime à environ 200 le nombre des banques “qui ne pourront pas survivre dans les deux ans”.

Par prudence, mais également par incapacité à rivaliser avec les tarifs des grandes banques, beaucoup de petits établissements financiers américains se sont pourtant tenus à l’écart, ces dernières années, du marché des prêts immobiliers aux particuliers, notamment les crédits à risque, dits “subprime”.

Une politique qui les a préservé des tracas auxquels sont actuellement confrontés les géants américains, qui ont enregistré des dizaines de milliards de dollars de dépréciations d’actifs depuis le début de la crise financière.

Mais le domino du “subprime” les rattrape par un autre biais, celui des prêts immobiliers pour des projets destinés à usage professionnel ou commercial (bureaux, commerces mais aussi location aux particuliers), vers lesquels ces petites banques se sont massivement orientées.

“Les banques locales qui ont une importante exposition à l’immobilier commercial, et il y en a beaucoup, font face à de véritables défis dans les régions du pays où le marché de l’immobilier a ralenti de manière significative”, a déclaré mardi John Dugan, le responsable de l’autorité de tutelle des banques américaines (OCC), lors d’une audition devant la commission bancaire du Sénat.

Les petites banques ont, proportionnellement, quatre fois plus de prêts dans l’immobilier commercial par rapport à leurs capitaux propres que les grandes, d’après l’OCC.

En moyenne, les petites banques ont, dans leur bilan, deux fois et demi plus de prêts dans l’immobilier commercial que de capitaux propres, toujours selon l’OCC.

Or, le ralentissement du marché de l’immobilier, jusqu’ici limité à l’immobilier résidentiel, s’étend désormais à l’immobilier commercial.

L’agence de notation Moody’s a évoqué un “sommet” en septembre 2007 et prévoit une baisse de 15 à 20% des prix sur ce marché dans les mois à venir, tandis que les analystes de Goldman Sachs anticipent un repli pouvant atteindre 26%.

Un mouvement qui met en péril de nombreux emprunteurs dans l’immobilier commercial, qui remboursent leurs prêts en trouvant des locataires et en percevant des loyers. Les difficultés sont particulièrement évidentes dans le domaine des prêts à la construction.

“Les banques ont des problèmes de remboursement avec les prêts qu’elles ont déjà consentis et, dans le même temps, elles n’en accordent plus, ce qui crée un double problème”, explique M. Steinberg.

Disposant souvent de peu de fonds propres, les petites banques s’exposent ainsi à une cessation de paiements.

La Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), organisme gouvernemental chargé de garantir les dépôts des banques aux Etats-Unis, a classé 76 établissements dans la catégorie “institutions posant problème” fin 2007, un chiffre en augmentation de plus de 50% en un an.

“C’est un peu comme pour le +subprime+”, avec les grandes banques. “Les petites banques ont oublié que des prêts pouvaient ne pas être remboursés”, résume-t-il.

 06/03/2008 14:43:09 – © 2008 AFP