Tunisie-Recherche : Des innovations porteuses


Par Abou SARRA

La recherche, quand elle aboutit à des résultats positifs, fait toujours
plaisir. Elle fait encore plaisir quand il s’agit de chercheurs tunisiens
qui réussissent. Plusieurs d’entre eux viennent de se distinguer, ces jours-ci,
par des innovations qui ne manqueront, pas une fois réalisées, de stimuler
le développement durable de plusieurs régions et secteur.

 

Nouvelles techniques de micro-irrigation

 

La première innovation est à l’actif du chercheur Chahbani Bellachheb. Il
s’agit de la mise au point de nouvelles techniques dans la micro-irrigation.
Ces techniques ont pour noms : le diffuseur enterré, le flotteur drainant et
la poche de pierre.

 

Grosso modo, ces techniques permettent d’emmagasiner l’eau à l’intérieur du
sol, de la protéger contre l’évaporation et toute autre forme de
dilapidation, d’alimenter la nappe phréatique et les racines des végétations
durant une période de trois ans, voire quatre.

 

Le diffuseur enterré est un système d’irrigation économique. Il consiste à
mettre en place une tuyauterie souterraine, voire d’un réseau de diffuseurs
en plastique enfouis à 70 cm de profondeur.

 

Le flotteur drainant est un appareil qu’on installe dans un bassin de
flottaison au pied du barrage pour drainer l’eau à travers un système de
tuyauterie. Cet appareil peut aussi assurer le pompage et la distribution
des eaux de réservoirs pour un usage agricole.

 

La poche en pierre est une technique de stockage d’eau et d’irrigation
souterraine ; elle s’appuie sur la mise en place de trois à quatre rangées
de pierres au fond d’un chenal entre les rangées d’arbres.

 

La recherche pour sauvegarder l’outarde

 

La seconde distinction revient aux chercheurs de l’Institut des régions
arides de Médenine (IRA). Ces derniers sont parvenus à mener une étude
biologique et écologique de l’outarde en milieu désertique en Tunisie. Elle
vise également à maîtriser les techniques de son élevage et de sa
reproduction en captivité avant de la réintroduire dans son milieu naturel.
Ultime but recherché : la réintroduction de l’outarde dès l’âge adulte dans
la nature afin de préserver l’espèce et l’écosystème, mais également dans le
but de voir ce gibier abonder dans les steppes du sud tunisien.

 

Premier résultat de cette recherche, un exploit scientifique qui a donné
naissance, pour la première fois en Tunisie, en captivité et par
insémination artificielle, d’un outardeau. Selon les chercheurs, l’opération
fort délicate s’est déroulée dans des conditions très contraignantes
évoluant de la prise en charge du mâle, loin de tout bruit et de tout risque
de stress, jusqu’à l’aboutissement avec succès de l’insémination de la
femelle. Ils soutiennent que la reproduction naturelle de l’outarde en
captivité est presque impossible.

 

Nouveau fourrage à haut rendement

 

La troisième innovation est l’œuvre du promoteur agricole, Abdelhafidh
Hemissi, ingénieur agricole spécialisé dans l’élevage bovin et implanté dans
la zone d’El Ghazala (gouvernorat de Bizerte). Le promoteur, qui exploite
depuis 1998 un lot-technicien appartenant au domaine de l’Etat vient de
mettre au point une nouvelle composition de fourrage naturel économique à
haut rendement, favorisant une amélioration sensible de la production de
lait de son cheptel. Ce nouveau fourrage, un mélange de maïs, d’orge et de
fourrage vert, tombe à point nommé en cette conjoncture caractérisée par la
flambée des cours mondiaux des aliments pour bétail.

 

Ce fourrage présente une excellente qualité nutritive. Il a contribué à la
croissance, dans d’excellentes conditions, des génisses destinées à
l’élevage et à la production d’un lait de grande qualité commercialisé à un
prix assez rémunérateur sur le marché.

 

Selon l’Office de l’élevage et des pâturages, une vache élevée dans la ferme
de M. Hemissi fournit une moyenne de 7.500 à 8.000 litres de lait par an
contre une moyenne nationale variant 3.500 et 4.000 litres par an.

 

Mieux, parallèlement à la mise au point de ce fourrage, il est parvenu à
adopter un système informatique permettant une distribution automatique et
ciblée de la nourriture, en fonction de la moyenne de production fournie par
chaque vache.

 

Les feuilles cassantes ne nuiront plus aux palmeraies

 

Une nouvelle technique de dépistage précoce des feuilles cassantes des
palmiers dattiers dans les oasis tunisiennes vient d’être mise au point. Ce
résultat est le couronnement de recherches élaborées par le Tunisien Ahmed
Namsi du Centre régional de recherche en agriculture oasienne de Tozeur,
dans le cadre de sa thèse de doctorat d’Etat, la première du genre à traiter
de ce phénomène.

 

Le chercheur qui, après avoir écarté l’hypothèse d’un appauvrissement du sol
en éléments minéraux, a relevé une carence aiguë en manganèse affectant les
feuilles des palmiers dattiers.

 

Pour remédier à cette carence, le centre mène des expériences visant à
consolider les palmiers dattiers appauvris en manganèse et à contrôler
l’évolution de la maladie.

 

Les résultats ont contribué à maîtriser l’expansion de la maladie, tout en
assurant une protection optimale du palmier dattier.