Telecom Italia refroidit les marchés avec un cocktail amer pour 2010

 
 
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Le Pdg de Telecom Italia, Franco Bernabè, lors d’une conférence de presse, le 7 mars 2008 à Milan (Photo : Damien Meyer)

[07/03/2008 18:03:21] MILAN (AFP) Le nouveau patron de Telecom Italia, Franco Bernabè, a refroidi les marchés vendredi avec des perspectives peu engageantes pour les trois prochaines années, reconnaissant que le travail serait long pour redéfinir une stratégie claire après plusieurs mois d’incertitudes.

Le titre a fini sur un plongeon de 9,13% à 1,44 euro, touchant son niveau le plus bas depuis 10 ans.

“Discipline financière”, “pas de feu d’artifice”: Franco Bernabè, qui a pris les commandes de l’opérateur en décembre, a reconnu sans fard devant les analystes que la potion serait amère pour remonter la pente d’ici 2010 avec une croissance très faible et un dividende revu en nette baisse.

“Nous ne prévoyons pas de feu d’artifice, de stratégie bizarre, nous voulons être réalistes. Les problèmes sont si nombreux, nous avons besoin de temps mais nous savons comment agir sur nos points forts”, a-t-il dit aux analystes.

Sur les turbulences agitant le titre, le nouveau patron a estimé que Telecom Italia “manque d’investisseurs de long terme” et reconnu que la situation “n’est pas enthousiasmante”.

M. Bernabè a été nommé administrateur délégué de Telecom Italia en décembre après sept mois d’incertitudes en raison de divergences entre les nouveaux actionnaires – l’espagnol Telefonica et des banques italiennes – sur le profil de la nouvelle direction. Il avait déjà occupé ce poste quelques mois en 1999.

Depuis 18 mois, l’opérateur a changé quatre fois de président, poste sans rôle exécutif désormais occupé par l’ancien président de Mediobanca, Gabriele Galateri di Genola.

Habitués par le précédent propriétaire, l’industriel Pirelli, à recevoir 85% à 90% du bénéfice net via le dividende, les actionnaires ont déchanté avec l’annonce d’un dividende de 0,08 euro par titre pour 2007, soit 67% du bénéfice.

Nous voulons distribuer un dividende “équitable, soit en ligne avec le reste du secteur”, a souligné M. Bernabè devant les analystes tout en espérant que le dividende de 2007 serait “un plancher”.

Cette coupe dans le dividende doit servir à la réduction de la dette et à alimenter 15 milliards d’investissements en trois ans.

Telecom Italia supporte une dette écrasante depuis la fin de années 90, encore alourdie par le rachat des minoritaires de sa filiale mobile fin 2004.

L’opérateur entend ramener son ratio dette sur Ebitda sous 3 fin 2008 et à environ 2,5 fin 2010. Sa dette nette atteignait 35,7 milliards d’euros à la fin 2007, soit plus de trois fois l’Ebitda et nettement plus que sa capitalisation boursière (29 milliards d’euros).

Parallèlement, les perspectives de croissance s’annoncent peu encourageantes avec un chiffre d’affaires qui devrait être stable cette année et une hausse de 1% à 2% par an en 2009 et 2010. Il y a un an, l’opérateur prévoyait encore une légère croissance pour 2008.

Conséquence, les marges seront sous pression jusqu’en 2010 puisqu’elles resteront inférieures à celles de 2007 (39,6% de l’Ebitda).

Contraint par sa dette à vendre ses actifs à l’étranger au cours des dernières années, Telecom Italia a promis de s’appuyer sur ses marchés les plus importants, à savoir l’Italie, le Brésil, l’Allemagne et l’Argentine, avant “une expansion graduelle”.

Il n’a pas cité la France, non incluse dans les prévisions de revenus pour 2008, ce qui renforce le scénario d’une cession de l’activité haut débit Alice distancée par les trois grands Orange, Free et Neuf Cegetel.

 07/03/2008 18:03:21 – © 2008 AFP