Les vacances rognées par l’érosion du pouvoir d’achat

 
 
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Des skieurs s’avancent vers des remontées mécaniques, le 17 novembre 2007 à Val-Thorens (Photo : Jean-Pierre Clatot)

[08/03/2008 10:46:21] PARIS (AFP) Un plat pour deux au restaurant, des pique-nique sur les pistes, des séjours toujours plus courts: si les Français affluent cet hiver dans les stations de ski, attirés par les flocons de neige, ils surveillent de plus en plus leur budget vacances.

Les professionnels notent certes une fréquentation nettement supérieure à la saison d’hiver 2006/2007, gâchée par l’absence de neige, mais ils sont nombreux à ressentir l’érosion du pouvoir d’achat de leurs clients, selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH).

Ce sont surtout les bars et restaurants qui en pâtissent: “A midi, les gens préfèrent pique-niquer sur les pistes au lieu de s’offrir un repas au restaurant, et le soir aussi, les restaurants et bars sont moins fréquentés”, déplore une porte-parole.

De plus en plus de vacanciers optent désormais pour des séjours plus courts, des week-ends ou des escapades de trois nuitées, phénomène constaté par les professionnels dans le Jura, les Vosges et l’Auvergne.

Plus de 14% des Français qui sont partis en vacances cet hiver, soit environ trois millions, ont renoncé à des séjours à la neige en raison de leur coût jugé trop élevé, selon une étude du cabinet Protourisme. Ils ont délaissé la montagne pour le bord de mer, la campagne ou la ville.

Une tendance confirmée par l’opérateur associatif de villages de vacances Valvvf, dont les ventes de séjours au bord de la mer dans le sud de la France ont progressé en février. “La plupart des gens ne peuvent plus se payer des vacances à la neige”, estime son directeur général, Alain Chapelon.

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Des skieurs descendent une piste, le 17 novembre 2007 à Val-Thorens (Photo : Jean-Pierre Clatot)

“D’autres ont opté pour des séjours pas chers au soleil à l’étranger”, commente le gérant de Protourisme, Didier Arino, qui note “les premiers effets de la baisse du pouvoir d’achat sur les arbitrages en matière de vacances”.

Le budget moyen d’une semaine au ski pendant les vacances de février pour une famille de quatre personnes atteint 2.700 euros, en hausse d’environ 5%, alors qu’un séjour au Maroc ou en Tunisie peut revenir moitié moins cher.

“En général, le tourisme est le dernier poste de dépenses à être touché quand il s’agit de faire des économies, derrière la voiture, l’alimentation et les sorties”, relève Didier Arino.

Venue manifester à Paris pour le pouvoir d’achat des retraités, Hélène, 74 ans, fait tout pour pouvoir s’évader en vacances et “changer d’horizon”: “Je me prive pendant l’année et je mets tous les mois entre 40 et 50 euros de côté.”

Mais il y a aussi ceux qui ne partent pas du tout: “Une fois payés le loyer, la voiture et les courses, il ne me reste plus d’argent pour partir en vacances”, explique Maryse, 64 ans, ancienne assistante de direction.

L’été dernier, 42% des Français ne sont pas partis en vacances, contre 41% en 2006, selon un bilan de la Direction du Tourisme. Pour 2004, l’Insee a chiffré à 21 millions le nombre de Français qui ont renoncé à des vacances, dont huit millions par manque de moyens.

Pour Robert Rochefort, directeur du Credoc (centre de recherche), les inégalités sociales en matière de départ en vacances vont encore s’accentuer: “De plus en plus de familles des couches populaires se privent d’une ou deux semaines de vacances pour pouvoir s’offrir un écran plat.”

Un avis partagé par le président de l’Union nationale des associations de tourisme (Unat), Gérard Duval, qui dénonce la “forte réduction des moyens consacrés par l’Etat pour soutenir l’accès aux vacances pour tous”.

 08/03/2008 10:46:21 – © 2008 AFP