Pour un Internet citoyen et tunisien


Par Oualid CHINE

Un site français qui permettait aux élèves de noter leurs professeurs a dû
fermer. Les enseignants n’ont pu supporter cette inversion des rôles, et se
voir sérieusement malmener par les petits écoliers. Généralement, les
mauvaises notes, ce sont eux qui les attribuent, griffonnant d’un stylo
rouge rageur, les zéros de conduite ou en matière de mathématiques. Mais le
net étant ce qu’il est, la tendance a pu s’inverser. Et voici nos
professeurs cloués au pilori, par des élèves en furie, qui s’en donnent à
cœur joie. Le site web note2be.com a finalement fermé, sous la pression du
ministère français de l’Education nationale.

 

Aux dernières nouvelles, des petits malins vont lancer un site web, qui note
les médecins cette fois-ci. Ce qui n’a pas manqué de provoquer la peur bleue
des praticiens, qui lèvent d’ores et déjà leurs boucliers : les réactions
n’ont pas tardé, les tollés ont fusé. Mais les concepts et les idées,
surtout sur le net, sont facilement transposables.

 

Imaginons un seul instant ce que cette petite idée pourrait apporter sur le
web tunisien. Imaginons par exemple, un site web bien de chez nous, qui
noterait les services de nos banques. On pourrait ainsi avoir des
informations en ligne, sur les intérêts grappillés par telle institution
financière, la comparer avec les taux pratiqués par ses consœurs. On
pourrait ainsi noter la qualité de l’accueil dans les guichets, dans telle
ou telle autre agence. Cela servirait même d’indicateurs aux dirigeants
financiers, pas nécessairement au courant de ce qui se trame dans les
petites agences de quartier.

 

Imaginons un site web tunisien, qui compare les tarifs des assureurs, avec
des tableaux clairement conçus, qui permettent aux automobilistes de s’y
retrouver, pour payer les meilleurs prix. On pourrait tout aussi bien mettre
en ligne les notes données par les citoyens internautes, sur la diligence de
nos administrations. Un “revenez demain”, équivaudra, par exemple à un zéro
pointé. Un retard dans la remise des papiers demandés impliquera une note en
dessous de la moyenne. Un fournisseur d’accès internet au service technique
systématiquement défaillant sera publiquement dénoncé par les quelques
milliers d’internautes abonnés. Les meilleurs, ce n’est que justice, auront
les lauriers de la reconnaissance virtuelle des internautes. Et verront sans
doute sa part de marché augmenter. Les autres…

 

Un système qui aura le mérite de pointer du curseur, à défaut du doigt, sur
les carences des institutions et même sur les fonctionnaires tire-au-flanc.
Ce genre de sites web représenterait réellement une œuvre de salubrité
publique.