[10/03/2008 22:44:36] NEW YORK (AFP) L’avionneur Boeing a annoncé lundi qu’il allait porter plainte contre le résultat de l’appel d’offres sur l’énorme contrat des avions ravitailleurs de l’armée américaine, tout juste remporté par le tandem rival EADS/Northrop Grumman. Cette plainte sera déposée mardi devant la cour des comptes américaine, le GAO (Government Accountability Office), l’instance saisie par les entreprises souhaitant contester un contrat passé par une administration américaine. “Nos équipes ont examiné de près la décision sur les avions ravitailleurs et ont trouvé de sérieux manquements dans le processus (de décision), qui méritent selon nous de faire appel”, a expliqué dans un communiqué le PDG de Boeing, Jim McNerney, dont le groupe vient de rater l’un des plus gros contrats récemment passés par l’armée américaine, avec ses 35 milliards de dollars. La procédure va entraîner la suspension du contrat attribué le 29 février au tandem européano-américain EADS/Northrop, le temps que la cour des comptes examine la plainte et transmette sa recommandation, a-t-on expliqué au GAO. “Généralement, seulement un tiers des 1.400 (bien 1.400) plaintes déposées chaque année aboutit à une décision”, ajoute-t-on de même source. Le GAO n’a pas de pouvoir d’injonction et la décision finale appartiendra au Pentagone, le commanditaire du contrat. Pendant les 100 jours dont va disposer le GAO pour examiner la plainte, “d’autres options sont possibles”, a-t-on ajouté, comme un réglement amiable ou une annulation de la plainte. Depuis qu’il a fait un point vendredi avec le Pentagone pour se faire expliquer les raisons de son échec, Boeing menaçait de saisir la justice. Le groupe avait jusqu’à mercredi pour déposer plainte, correspondant à un délai réglementaire de 5 jours après ce compte-rendu de vendredi. Principal fournisseur de l’armée en avions ravitailleurs, Boeing était donné favori de cet appel d’offre. Son échec a provoqué un tollé dans les rangs politiques au nom de la sécurité nationale et des emplois menacés par un groupe étranger, sur fond de campagne présidentielle. L’affaire a aussi choqué alors que Washington et Bruxelles ont un contentieux devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les subventions respectives à Boeing et à EADS. Initialement attribuée à Boeing en 2003, la commande a été retirée après un scandale de corruption ayant conduit à des peines de prison de plusieurs responsables et à la démission du PDG de l’époque. Boeing et Northrop se sont battus ces derniers jours à coup de communiqués, alors que le Pentagone défendait un processus de décision “rigoureux”. “Compte tenu de ce que nous avons vu, nous continuons de penser que nous avons proposé l’avion le plus performant, le moins risqué, et celui dont le cycle de vie a le coût probable le plus bas, au regard des critères de l’appel d’offres de l’armée de l’Air”, a souligné M. McNerney de Boeing. Northrop-Grumman a de son côté souhaité “faire le point sur les nombreux commentaires erronés” diffusés par son concurrent. Le groupe a souligné qu’il était le signataire du contrat avec l’US Air Force, EADS n’étant que “l’un des sous-traitants de premier plan”, aux côtés d’autres groupes américains. Il a estimé que le contrat représentait 25.000 emplois aux Etats-Unis et 1.500 créations nettes d’emplois. Northrop a aussi souligné qu’à l’issue de son propre débriefing avec l’armée sur le contrat, “il est ressorti que notre offre était clairement supérieure”, en termes de spécifications techniques et de prix. L’armée de l’Air n’a pas souhaité faire de commentaire. “Dans la mesure où nous n’avons pas vu la plainte formelle, nous sommes dans l’incapacité de commenter”, a indiqué sa porte-parole Jennifer Cassidy. |
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