Remise à flot, la Société Générale peut continuer à se développer en solo

 
 
CPS.HLQ25.110308190007.photo00.quicklook.default-245x146.jpg
Logo de la Société Générale (Photo : Eric Piermont)

[11/03/2008 18:01:39] PARIS (AFP) La Société Générale a annoncé mardi que son augmentation de capital, d’un montant de 5,5 milliards d’euros, avait été souscrite près de deux fois, un “succès” réconfortant après ses déboires récents qui lui permet d’espérer continuer à tracer sa route en solo.

“Le succès rencontré dans cette opération permettra à Société Générale de poursuivre son développement dans les métiers et régions à potentiel”, s’est félicitée la banque dans un communiqué.

L’opération a été souscrite à 184%, ce qui signifie que la demande totale d’actions nouvelles par les investisseurs (10,2 milliards d’euros) a été près de deux fois plus importante que l’offre.

De quoi redonner des couleurs à la Société Générale, dont le cours a perdu près de 30% depuis le début de l’année. A la Bourse de Paris, l’action a clôturé en forte hausse de 4,46%, à 66,94 euros, sur fond de rebond des valeurs financières.

“La demande a été très forte, en particulier dans le contexte de la volatilité du secteur financier”, a déclaré à l’AFP un banquier de Morgan Stanley, qui était chef de file sur cette opération.

Pour lui, il s’agit d’un “vote de confiance des actionnaires sur la stratégie présentée par la Société Générale et son management”, éprouvée par une double perte de près de 8 milliards d’euros au total, imputée aux opérations non-autorisées de son trader Jérôme Kerviel ainsi qu’à la crise des crédits hypothécaires à risque.

Dans un tout autre contexte, les augmentations de capital de BNP Paribas et du Crédit Agricole, destinées à financer des acquisitions, avaient été souscrites respectivement à 150% et 140%.

CPS.HLQ25.110308190007.photo01.quicklook.default-245x181.jpg
Portraits de l’ex-trader de la Société Générale Jérôme Kerviel et du PDG de la banque Daniel Bouton en janvier 2008 (Photo : Martin Bureau)

Société Générale était assurée d’obtenir ces 5,5 milliards car l’opération bénéficiait d’une “garantie de bonne fin” des banques américaines JP Morgan et Morgan Stanley. Pour s’assurer une souscription la plus large possible, la banque avait en outre offert un prix attractif de 47,50 euros par action, consentant ainsi une décote de près de 40% par rapport au cours de clôture de l’action précédant l’annonce.

Une faible demande n’aurait toutefois pas manqué d’être interprétée comme une marque de défiance des investisseurs à son égard.

La direction de l’établissement a d’ailleurs mouillé sa chemise pour convaincre les investisseurs que la fraude était un accident de parcours et que les fondamentaux de la banque était solides. Son PDG, Daniel Bouton, a donné l’exemple en investissant 1,5 million d’euros dans l’opération.

M. Bouton devait être auditionné mercredi par la Commission des Finances de l’Assemblée nationale sur l’affaire du trader, dont la demande de remise en liberté sera examinée vendredi, mais l’audition a été reportée au 2 avril.

La Caisse des dépôts a participé à l’opération à un niveau “très légèrement supérieur” à sa quote-part (2,03%), jugeant les projets de la Société Générale “créateurs de valeur”, a indiqué lundi son directeur général, Augustin de Romanet. Les assureurs Groupama et CNP Assurances et la banque Dexia y ont également pris part, son patron Axel Miller estimant à son tour qu’il s’agissait d’une “bonne opération pour l’actionnaire”.

L’annonce du bouclage de l’opération a éclipsé une autre affaire concernant la Société Générale: l’Etat du Cameroun, qui l’accuse de détournement de fonds, a demandé mardi, lors d’une audience au Tribunal de Commerce de Paris, que la banque française soit contrainte à passer une provision de 500 millions d’euros dans ses comptes à titre conservatoire.

 11/03/2008 18:01:39 – © 2008 AFP