A Dakar, l’OCI vise à relancer la solidarité économique entre pays musulmans

 
 
CPS.HLN23.110308094430.photo00.quicklook.default-245x158.jpg
Le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn Khaled bin Ahmad al-Khalifa (G) et son homologue palestinien Riyad al-Maliki arrivent à Dakar, le 10 mars 2008 (Photo : Awad Awad)

[11/03/2008 08:46:33] DAKAR (AFP) L’Organisation de la conférence islamique (OCI), qui compte dans ses rangs de riches pays pétroliers et des Etats sahéliens déshérités, veut faire du sommet de Dakar le point de départ d’une nouvelle solidarité économique, après une longue période de frilosité.

“La solidarité économique existe sous plusieurs formes au sein de l’OCI, mais elle n’est aujourd’hui pas suffisante et le sommet islamique de Dakar doit être l’occasion de mobiliser plus d’efforts pour plus d’efficacité”, assure à l’AFP Mohamed Dowuidal, chef de la mission économique de l’ambassade d’Egypte à Dakar.

“L’OCI rassemble des pays qui comportent beaucoup de différences au niveau de la richesse, il est très important de consacrer du temps aujourd’hui pour une solidarité qui dépasse le rapport d’Etat à Etat”, poursuit-il.

Aux yeux des dirigeants de l’OCI et des autorités sénégalaises, la solidarité inter-musulmane doit être relancée à l’occasion du sommet de Dakar, dans un contexte de hausse vertigineuse des prix du pétrole qui creuse le fossé entre Emirats pétroliers richissimes et pays sahéliens ou asiatiques très pauvres.

Cette situation avait notamment conduit le président sénégalais Abdoulaye Wade à envisager en 2006 la création d’une Association des pays africains non-producteurs de pétrole (PANPP) qui bénéficierait de prélèvements sur la rente des pays africains producteurs de pétrole.

Aujourd’hui, l’OCI privilégie comme outil le Fonds de solidarité islamique pour le développement (FSID), imaginé lors d’un sommet extraordinaire à La Mecque en 2005 par le roi Abdallah d’Arabie Saoudite, dont la présence à Dakar demeurait incertaine en début de semaine.

Lancé en mai 2007 à Dakar lors d’une réunion annuelle des gouverneurs de la Banque islamique de développement (BID, bras financier de l’OCI qui compte parmi ses membres 11 des 15 pays les plus pauvres du monde), ce Fonds doit à terme être doté de 10 milliards de dollars, avec comme principaux donateurs l’Arabie saoudite et le Koweït.

A ce jour, seulement quelque 3 milliards de dollars ont été mobilisés dans l’attente de la mise en oeuvre du Fonds, qui doit être évoquée par les chefs d’Etat de l’organisation à la fin de la semaine.

Ekmeleddin Ihsanoglu, le secrétaire général de l’OCI, avait jugé en mai 2007 que les fonds disponibles étaient encore “trop limités pour éradiquer la pauvreté” et avait appelé les pays membres à fournir “des efforts supplémentaires” pour renouer avec une certaine idée de la solidarité musulmane.

Lors d’une réunion préparatoire du sommet en février, le président sénégalais avait estimé que Dakar doit marquer “un tournant” dans l’histoire de l’OCI et “permettre de redéfinir les contours d’une nouvelle solidarité islamique à travers une nouvelle coopération économique entre pays membres”.

Le sommet de jeudi et vendredi sera “un tournant historique parce que le Sénégal veut que la Oummah entre au XXIe siècle avec une nouvelle coopération économique, de nouvelles formes de solidarité en attirant l’investissement des pays musulmans dans d’autres pays musulmans”, a récemment répété le ministre sénégalais des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio.

Les organisations humanitaires des pays membres de l’OCI, qui ont tenu une conférence inédite ce week-end en prélude au sommet, ont d’ailleurs demandé à l’OCI de traduire en pratique les principes de la solidarité musulmane.

“C’est dans l’OCI que l’on trouve le plus de disparités entre pays très riches et pays très pauvres. Cette solidarité, on doit la développer par le biais du Fonds”, a notamment expliqué à l’AFP Ali Sow, premier-vice président de l’ONG Action de solidarité islamique (ASI).

 11/03/2008 08:46:33 – © 2008 AFP