[11/03/2008 09:28:45] PEKIN (AFP) La Chine ne connaît pas de répit en ce début d’année sur le front de l’inflation, au plus haut ces deux derniers mois depuis plus de onze ans, laissant anticiper de nouvelles mesures pour tenter de l’endiguer. Une semaine après que le chef du gouvernement Wen Jiabao eut souligné que la hausse des prix constituait “la plus grande des préoccupations de la population”, les chiffres de février, publiés mardi, ont confirmé une accélération de la hausse des prix : de 8,7% sur un an en février, après 7,1% en janvier. “En février, l’indice des prix à la consommation a atteint son plus fort niveau depuis mai 1996. L’inflation avait alors atteint 8,9% avant de redescendre à 8,6% le mois suivant”, a relevé Cui Hongxiao, une analyste de Huatai Securities basée à Nankin. Le Bureau national des statistiques a souligné mardi que des facteurs exceptionnels s’étaient conjugués, comme les tempêtes ayant paralysé une grande partie du pays en janvier-février, au moment même du Nouvel An chinois, et la poursuite de la hausse des cours internationaux, notamment du pétrole, des métaux et des produits agricoles. Mais il a aussi reconnu que cela “rendait plus difficile le contrôle de l’inflation sur l’ensemble de l’année” et, dans un commentaire peu courant, a appelé à un état des lieux pour prendre les mesures nécessaires. “Nous devons garder la tête froide, faire un état exact de la situation, et prendre des mesures efficaces”, a-t-il indiqué dans un communiqué. Pour 2008, la Chine souhaite contenir l’inflation sous la barre des 4,8%, équivalant à son niveau de 2007.
L’an dernier, la Banque centrale a eu principalement recours à des hausses des taux de réserves obligatoires des banques (augmentés onze fois) et des taux d’intérêt (six), visant notamment à restreindre crédit et surliquidité. “Si nous pensons qu’effectivement les tempêtes de neige ont contribué au fort résultat de février, nous estimons aussi que la croissance rapide de la masse monétaire a été un facteur primordial”, ont commenté Yu Song et Hong Liang, de Goldman Sachs. “Nous nous attendons donc à ce que l’indice des prix à la consommation reste élevé à bref échéance (…) et à ce que les autorités réagissent avec différents instruments, dont une hausse modérée des taux d’intérêt, une plus importante du ratio de réserves obligatoires des banques, davantage de contrôle sur le crédit et les flux entrants d’argent, ainsi qu’une plus rapide appréciation du yuan”, ajoute une note des analystes. D’autant que “les pressions inflationnistes sont toujours là”, note Li Huiyong, de Shenyin Wanguo Securities. “L’inflation devrait rester autour de 8% dans les quatre mois à venir”, estime-t-il. Zhuang Jian, économiste à Pékin pour la Banque asiatique de développement, s’attend à une inflation autour de 6 ou 7% au premier semestre.
L’économiste insiste sur la nécessité “de stabiliser les anticipations d’inflation du public”, qui “augmentent le rythme” des hausses de prix. Mardi, la publication des chiffres de l’inflation a semé quelques turbulences sur les marchés. La Bourse de Shanghai a cloturé en légère hausse à 0,47% après connu une baisse de 0,67% lors de la séance matinale. “Les investisseurs estiment qu’à court terme il n’y aura pas de relâchement de la polique de contrôle monétaire. Ils se demandent quelle est la probabilité d’une hausse des taux”, a expliqué Zhang Xinfa, de Galaxy Securities. |
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