La nomination du gouverneur de la Banque du Japon bloquée

 
 
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Toshiro Muto le 11 mars 2008 avant une audition devant le parlement japonais (Photo : Issei Kato)

[11/03/2008 12:33:50] TOKYO (AFP) L’opposition japonaise a décidé mardi de bloquer au parlement la nomination du gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), la troisième banque centrale du monde qui pourrait par conséquent se retrouver sans chef dès la semaine prochaine.

Le Parti démocrate du Japon (PDJ), principale force de l’opposition de centre-gauche, a annoncé qu’il était hostile au candidat proposé par le gouvernement conservateur pour occuper le poste, l’ex-vice ministre des Finances et actuel gouverneur adjoint de la BoJ Toshiro Muto, 64 ans.

L’exécutif voulait que M. Muto remplace Toshihiko Fukui, qui quitte la banque le 19 mars à l’issue de son mandat de cinq ans.

Mais pour être effective, la nomination du gouverneur de la BoJ doit être entérinée par les deux chambres du parlement. Le PDJ, majoritaire au Sénat depuis les élections de juillet 2007, dispose de facto d’un droit de veto.

Le vote au Sénat doit avoir lieu dès mercredi matin. Sauf coup de théâtre, il se soldera donc par le rejet de l’investiture de M. Muto.

Le PDJ l’accuse de manquer d’indépendance à cause de son passé au ministère des Finances, et lui reproche aussi de ne pas parler anglais, ce qui serait selon elle problématique pour coordonner l’action de la BoJ avec celle des autres grandes banques centrales mondiales.

Mardi, M. Muto a été entendu à huis-clos par deux commissions parlementaires (une à la Chambre des députés et l’autre au Sénat). Il avait auparavant, dans un discours public, assuré qu’il serait impartial.

“J’essairai de gagner la confiance des gens et je veux garantir fermement l’indépendance de la Banque du Japon”, avait-il affirmé.

“Si j’ai une chance d’utiliser mon expérience à l’heure où l’économie japonaise traverse une époque extrêmement importante, j’ai l’intention de me consacrer corps et âme à ma fonction”, avait-il promis.

Mais ces assurances n’ont pas convaincu le PDJ.

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Le gouverneur sortant de la Banque du Japon (BoJ) Toshihiko Fukui, le 25 janvier 2008 devant le parlement à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

“Nous sommes contre le fait que M. Muto devienne gouverneur de la Banque du Japon”, a déclaré le secrétaire général du PDJ, Yukio Hatoyama, à l’issue d’une brève réunion des dirigeants du parti.

“M. Muto est l’incarnation du ministère des Finances, et ne peut assurer l’indépendance de la Banque du Japon”, a-t-il expliqué.

Cette bataille politique autour de la BoJ intervient alors que l’opposition cherche par tous moyens à paralyser l’action d’un gouvernement impopulaire et affaibli, afin de forcer la convocation d’élections législatives anticipées.

“Je ne comprends pas leur raisonnement. Il est honteux de rejeter une nomination uniquement parce qu’une personne vient du ministère des Finances”, s’est emporté le Premier ministre Yasuo Fukuda.

Le rejet par le DPJ de la nomination de M. Muto laisse très peu de temps au gouvernement pour trouver un autre candidat et organiser le processus d’investiture parlementaire avant l’expiration du mandat de M. Fukui le 19 mars, ce qui menace de laisser la BoJ sans gouverneur.

L’exécutif a laissé entendre qu’il ne proposera pas de candidat alternatif, mais qu’il tentera plutôt à tout prix d’obtenir la nomination de M. Muto en organisant un deuxième vote au parlement.

Le parlement doit également se prononcer sur les deux postes de gouverneur adjoint à pourvoir d’ici le 19 mars, pour lesquels le gouvernement a proposé les professeurs d’université Masaaki Shirakawa et Takatoshi Ito. Le PDJ n’a pas précisé mardi s’il voterait pour ou contre ces deux nominations.

La loi précise qu’en cas de vacance du poste de gouverneur, la Banque du Japon est dirigée provisoirement par les adjoints ou, si ces deux postes sont également vacants, par un directeur exécutif nommé par le gouvernement.

Le comité de politique monétaire, qui compte normalement neuf membres, continue pour sa part de se réunir normalement même en l’absence de gouverneur et à prendre les décisions sur les taux d’intérêt.

 11/03/2008 12:33:50 – © 2008 AFP