[12/03/2008 06:59:33] TOKYO (AFP) Le Sénat japonais a refusé mercredi l’investiture de Toshiro Muto au poste de gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), envenimant davantage la crise de succession à une semaine du départ du gouverneur sortant Toshihiko Fukui. Le gouvernement a rétorqué qu’il n’avait pas l’intention de proposer un autre candidat et qu’il demanderait au Sénat de reconsidérer sa décision, poursuivant une épreuve de force sans précédent qui risque de laisser la troisième banque centrale du monde décapitée en pleine crise financière internationale. Le Sénat a rejeté l’investiture de M. Muto par 129 voix contre 106. Le résultat de ce vote est sans surprise, le Parti démocrate du Japon (PDJ), la principale force d’opposition qui contrôle le Sénat, ayant annoncé mardi soir qu’il était hostile à M. Muto, un ex vice-ministre des Finances de 64 ans. Le gouvernement conservateur de Yasuo Fukuda voulait que Toshiro Muto, qui est actuellement gouverneur adjoint de la BoJ, remplace Toshihiko Fukui, lequel quitte la banque le 19 mars au terme de son mandat de cinq ans. Pour être effective, la nomination du gouverneur de la BoJ doit être entérinée par les deux chambres du parlement. Le PDJ, majoritaire au Sénat depuis les élections de juillet 2007, disposait de facto d’un droit de veto.
Le PDJ accuse M. Muto de manquer d’indépendance à cause de son passé au ministère des Finances. Il lui reproche aussi de ne pas parler correctement l’anglais, ce qui serait selon lui problématique pour coordonner l’action de la BoJ avec celle des autres grandes banques centrales mondiales. Le vote du Sénat laisse très peu de temps au gouvernement pour résoudre la crise de succession avant le 19 mars. Le secrétaire général du PDJ, Yukio Hatoyama, a exhorté le gouvernement à agir vite. “Il est tout à fait possible de décider du nouveau gouverneur à temps pour le 19 mars, si le gouvernement choisit une personne adéquate”, a-t-il estimé. Mais le gouvernement a campé mercredi sur sa position. “Les critiques à son encontre sont totalement déplacées. Nous ne comprenons pas pourquoi ils sont en désaccord avec sa nomination”, s’est plaint le porte-parole du gouvernement, Nobutaka Machimura. “Nous voulons que le PDJ revienne sur sa décision. Nous ne devons pas créer un vide” à la tête de la BoJ, a-t-il poursuivi. “Pour le moment, nous n’envisageons aucune proposition alternative à la nomination originale”, a ajouté le ministre des Finances, Fukushiro Nukaga. Le Sénat a également rejeté l’investiture du gouverneur adjoint Takatoshi Ito, professeur d’université et conseiller économique du gouvernement. Il a, en revanche, approuvé l’investiture du deuxième gouverneur adjoint Masaaki Shirakawa, un ancien directeur de la BoJ.
Si aucun gouverneur n’est approuvé par le parlement d’ici le 19 mars, M. Shirakawa sera chargé de diriger la BoJ par intérim, à condition qu’il ait entre-temps été investi aussi par la Chambre des députés. Cette bataille autour de la BoJ intervient alors que le PDJ cherche à paralyser l’action d’un gouvernement impopulaire et affaibli, afin de forcer la convocation d’élections législatives anticipées. Selon Robert Feldman, économiste chez Morgan Stanley, les deux camps sont aussi coupables l’un que l’autre de la situation. “Le parti au pouvoir a proposé un candidat tout en sachant que l’opposition allait le rejeter”, a-t-il estimé. “A cause de la médiocrité du débat, les marchés sont en train de perdre l’espoir que la décision sera guidée par des critères concrets plutôt que par des querelles politiques”, a-t-il déploré. |
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