La monnaie unique a dépassé 1,55 dollar pour un euro

 
 
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Un euro et un dollar (Photo : Joël Saget)

[12/03/2008 17:50:32] LONDRES (AFP) L’euro s’est envolé vers de nouveaux records mercredi et a dépassé pour la première fois depuis son lancement en 1999 la barre de 1,55 dollar, la désaffection vis-à-vis de la devise américaine persistant malgré l’action concertée des banques centrales.

La monnaie européenne a grimpé jusqu’à un nouveau sommet historique de 1,5514 dollar sur le marché des changes.

En zone euro, la production industrielle s’est affichée mercredi en hausse de 0,9% en janvier par rapport à décembre, ce qui a valu à la monnaie unique de repasser le seuil de 1,54 dollar vers 10H00 GMT et de dépasser ensuite son record de la veille, où elle s’était hissée jusqu’à 1,5495 dollar.

Certains économistes ont relevé que ce chiffre était de nature à dissuader la Banque centrale européenne (BCE) de baisser son taux directeur, actuellement à 4%, ce qui a soutenu la monnaie unique dont le rendement devrait ainsi rester plus élevé que celui du dollar, les taux d’intérêt étant de 3% aux Etats-Unis.

“La faiblesse du dollar face à l’euro est cohérente avec les fondamentaux économiques que nous connaissons, la récession américaine pour ne pas la nommer, alors que la zone euro résiste relativement bien”, a estimé Julian Jessop de Capital Economics.

Les créations d’emplois aux Etats-Unis, en recul marqué pour le mois de février, et les prévisions moroses publiées la semaine dernière dans le Livre Beige de la Réserve fédérale américaine (Fed), ont inquiété les cambistes qui continuent à vendre des dollars jusqu’alors considérés comme une valeur refuge, plutôt qu’à en acquérir au profit de son grand concurrent, l’euro.

Mardi, l’annonce d’une action coordonnée des grandes banques centrales, dont la Fed, avait permis au dollar de regagner un peu de terrain, mais la tendance s’est inversée mercredi, les investisseurs estimant que cela ne suffira pas à résoudre complètement la crise du crédit à risque (subprime).

“Les journaux étaient pleins ce matin de commentaires pessimistes sur les limites de l’action de la Fed, et les investisseurs réalisent que cela ne résout pas le problème des banques dont les actifs restent suspects depuis la crise des +subprime+”, a commenté Thomas Stolper, économiste chez Goldman Sachs.

Si les spéculations autour d’une baisse drastique des taux d’intérêt de la Fed se sont effondrées, encourageant mécaniquement une hausse du dollar, ce dernier n’a pas réussi à conserver ses gains.

“Le sentiment à l’égard des perspectives du dollar reste désastreux et la majorité des acteurs du marché croit que le pire est à venir, en particulier après que Ben Bernanke lui-même (le patron de la Fed, ndlr) a reconnu que certains établissements financiers pourraient s’écrouler”, a noté Derek Halpenny de la Bank of Tokyo.

Le président de l’Eurogroupe, forum des ministres des Finances de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a assuré mercredi être “très vigilant” face à la hausse de l’euro.

Selon une source diplomatique européenne, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, qui seront réunis jeudi et vendredi au sommet de Bruxelles, devraient eux aussi exprimer leur préoccupation face à l’évolution du taux de change euro/dollar.

Mais ils ne devraient pas aller au-delà, selon cette source, les Européens étant de toute façon largement impuissants à enrayer un phénomène qui tient davantage de la baisse du dollar que de l’attractivité de l’euro.

 12/03/2008 17:50:32 – © 2008 AFP